Chanson
Cathialine dévoile en avant-première un live à fleur de peau planant et envoûtant

Cathialine dévoile en avant-première un live à fleur de peau planant et envoûtant

Elle nous avait séduits aux Trois Baudets, elle nous dévoile aujourd’hui en avant-première une vidéo live du quatrième extrait de son album « Worship the Weakness ». Entre folk traditionnelle et néoclassique, rencontre avec Cathialine, une auteur compositeur interprète à fleur de peau.

 

Il y a près d’un an, nous t’avions découverte le 30 novembre 2016 aux Trois Baudets à Paris et étions tombés sous le charme de ta voix éthérée, de ton univers singulier et hypnotique… Depuis, tu as sorti ton premier album « Worship the Weakness » en juin dernier, diffusé trois clips et tu nous dévoiles aujourd’hui en avant-première une vidéo live de « The Unreachable Rainbow ». Ce morceau a-t-il pour toi une importance particulière ? 

« The Unreachable Rainbow » est la chanson pilier du disque, même si c’est la dernière que j’ai composée. Elle ponctue le travail accompli et résume le propos général de l’album qui est un éloge de la fragilité – Worship the Weakness. Diffuser une vidéo live de l’enregistrement de ce titre, dans ce moment de grande vulnérabilité qu’est l’enregistrement, m’a paru fondamental. Je voulais partager cet instant de concentration et de mise à nu. Cela correspond à l’esprit de cette chanson, à la fois funambule et extra-lucide.

Une mise à nu qui commence dès les premières notes chantées a capella…

Oui, « The Unreachable Rainbow » est une confession avec tout ce que cela exige de nudité. Ce chant a capella est pour moi comme une prière, une invocation et il symbolise aussi l’être humain, se retrouvant seul face à lui-même et ses actions, un moment de vérité, sans artifice ni mise en scène.

Un moment de partage aussi avec tes musiciens. Est-ce la voix qui guide les autres instruments ?

Oui, je tenais d’ailleurs absolument à enregistrer ce morceau en live, pour pouvoir guider la harpiste et la violoncelliste, aussi bien par mes gestes que par ma voix. Elles m’ont par bonheur suivie dans ce labyrinthe ! Lorsque j’ai composé ce titre, j’imaginais un climat céleste au décor antique et j’avais en tête le dessin de Rodin la Muse ailée jouant de la lyre, avec l’idée que cette chanson devait avoir une structure sans logique aucune, comme une improvisation, un dédale de notes s’inventant au fil de mon chant.

Un chant qui dit quelque chose, qui conte une histoire. Qu’est-ce qui est « unreachable », inatteignable ?

La satisfaction. Tout nous pousse à vouloir avoir plus, à être plus, à jouir plus, à consommer plus. En découle, à mon sens, une grande frustration de ne jamais atteindre les idéaux promis et imposés. Je crois qu’il nous faut vivre en faisant le deuil de cette perfection, de cet « arc-en-ciel » inaccessible. Ce morceau est en fait l’histoire de quelqu’un qui dépose les armes et reconnaît ses erreurs.

Est-ce le témoignage d’une histoire personnelle ?

C’est une question qui me perturbe beaucoup. Elle concorde bien-sûr avec un sentiment que j’ai pu ressentir souvent. C’est aussi à travers le vécu de personnes autour de moi ou via certains faits divers, qu’a germé l’idée de cette chanson. Je pense par exemple à ces entreprises dont les employés se suicident à cause de la perversion de leurs supérieurs et d’un système qui demande toujours plus à l’être humain.

Comment traduire cette fragilité en musique ?

J’agis de façon instinctive. Lorsque j’écris et compose, je ne cherche pas à tout comprendre, j’aime que les mots me donnent le tournis et la musique, l’envoûtement. C’est souvent bien après que j’en perce le sens profond. La harpe a ce pouvoir de convoquer un imaginaire singulier en créant une atmosphère onirique et j’ai la sensation de ne plus être soumise à la pesanteur quand j’entends cet instrument. C’était pour moi le but, que la musique nous arrache à la gravité terrestre, avec délicatesse, et qu’elle coule comme l’eau d’une source, frêle mais forte de sa fragilité.

Le fait de proposer une version live, un enregistrement sincère qui conserve les imperfections, participe en quelque sorte de cette vulnérabilité ?

C’est en tout cas le parti que j’ai choisi. A vrai dire, j’ai beaucoup de mal à faire autrement ! J’aime l’inconfort tellement inspirant de la prise live, même si cela fait râler les ingénieurs du son ! (rires) Je trouve que les vieux disques ont beaucoup de charme notamment parce qu’on y perçoit le bruit de la banquette de piano qui grince, la respiration du musicien, parfois l’instabilité du tempo… J’ai besoin de sentir la vie, la chair des musiciens et celle des instruments.

Tu as besoin d’être fragilisée, à fleur de peau pour composer ?

A fleur de peau oui… et c’est parfois épuisant pour moi et pour mon entourage ! (rires) Je n’ai pas véritablement de modus operandi, l’écriture est un état permanent, l’inspiration est partout, c’est pour cela qu’il faut être « disponible » tout le temps, avec tout ce que cela implique parfois de décalage avec le « réel ».

La musique est pour toi une échappatoire ?

La musique ne me sert pas tellement à fuir mais plutôt à atteindre quelque chose, un absolu, une vérité sensorielle, une communion. C’est une quête constante et j’espère bien ne jamais trouver ce que je cherche, car c’est le cheminement vers ce but qui me nourrit ! Mon obsession de l’enregistrement live et l’utilisation exclusive d’instruments acoustiques, viennent probablement de là, car ils sont pour moi les véhicules par excellence de cet idéal de vérité, d’authenticité. Je puise beaucoup dans les instruments eux-mêmes. J’aime par exemple changer souvent de piano pour écouter ce que chacun a à me livrer…

Comment est né cet album « Worship the Weakness » sorti en juin dernier ?

Il est né de ma renaissance. J’avais totalement arrêté la musique pendant 5 ans, un besoin de « réinitialiser » ma matrice, de retrouver mon envie. Comme je ne fais rien à moitié, cette étape a été assez violente pour moi, mais j’avais besoin de cet électrochoc pour repartir. Et puis, une rencontre, quelques mots échangés avec quelqu’un qui ne connaissait rien de mon parcours et tout s’est remis en route. Et des dizaines de mélodies sont sorties de moi en quelques semaines comme si elles avaient été « stockées » dans mon cerveau pendant toutes ces années. C’est d’abord avec l’EP « Live Ferber Sessions » que j’ai repris le chemin des studios. Mais très vite, les chansons qui composent « Worship the Weakness » sont arrivées. Il m’a fallu de longues années pour le terminer, d’une part parce que je l’ai auto-produit et d’autre part, parce que je ne voulais pas faire de concession sur les moyens et les personnes dont je rêvais pour lui donner vie.

Quel est le morceau qui te tient le plus à cœur ?

Il est difficile pour moi de désolidariser les chansons de cet album puisqu’elles sont chacune une pièce du puzzle, mais j’ai un lien particulier avec le titre « Gods and Wailings » qui est pour moi un cri du cœur contre la folie des hommes et reflète un état qui m’habite en permanence. Le travail avec le corniste Hervé Joulain a été un grand moment de bonheur et la sonorité de son instrument m’a hantée pendant des semaines tellement elle incarnait l’émotion pure que je souhaitais faire passer.

Pourquoi avoir choisi d’écrire ces chansons exclusivement en langue anglaise ?

On me pose souvent cette question… alors que je ne me la pose jamais ! (rires). C’est bien évidemment pour des raisons éminemment musicales et parce que c’est une langue avec laquelle je me sens à l’aise et qui est empreinte d’un état d’esprit qui me correspond. Je n’écoute d’ailleurs que des artistes anglophones pour ce qui est du « format chanson ».

Qui sont ces artistes qui t’influencent ?

J’écoute beaucoup de musique classique et de musique folk (Joni Mitchell, James Taylor, Tori Amos, …). J’aime aussi les chansons traditionnelles du folklore irlandais et écossais, ou des artistes plus blues-folk comme Barbara Dane ou Karen Dalton. De façon générale, j’aime la musique qui témoigne de la façon de vivre d’une époque.

Ton album est aussi la marque d’une époque, d’une période dans ta vie ?

Ce que j’admire dans l’œuvre de ces artistes, c’est leur capacité à refléter une époque tout en gardant une esthétique intemporelle. Leur musique 40 ou 50 ans plus tard n’a pas pris une ride. C’est ce que j’essaie de faire à travers ma musique notamment par le biais des instruments classiques dont la couleur me paraît indémodable. Bien entendu, les chansons de cet album sont viscéralement liées à une période de ma vie mais aussi à l’époque elle-même. J’ai été profondément marquée par les événements survenus en France et dans le monde ces dernières années (attentats, crise des migrants, …) et j’ai d’ailleurs bousculé la tracklist du disque à la suite des attentats de Charlie Hebdo. L’événement tragique m’a inspiré quelques jours plus tard « Out Of Me » que j’ai décidé d’inclure dans le disque. C’est une façon de témoigner à mon tour.

Et maintenant, dans quel état d’esprit te trouves-tu ? Le temps est-il venu d’écrire une nouvelle histoire ?

Je suis profondément heureuse que ce long travail ait abouti et je me sens remplie de toutes les merveilleuses énergies des musiciens qui ont participé à ce disque. Mais le travail ne s’arrête jamais, je compose déjà pour un prochain opus et je participe à un projet qui sera collectif.

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Toutes les informations :

Cathialine

Worship the Weakness

album disponible en digital sur toutes les plateformes de streaming et de téléchargement

Rendez-vous sur www.cathialine.com

et aussi sur http://www.facebook.com/cathialineofficiel

Visuels et vidéos © Tommy Pascal

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