Musique
Le fondateur Alexandre Grauer et le parrain Christophe dialoguent autour des Qwartz

Le fondateur Alexandre Grauer et le parrain Christophe dialoguent autour des Qwartz

29 March 2011 | PAR Bérénice Clerc

Les Qwartz 7 seront lancés mercredi prochain, le 30 mars à La Cigale, en même temps que le festival Némo pour les premières parisiennes de Anbb : Alva Noto et Blixa Bargeld et Dust 2.0 d’Herman Kolgen. La traditionnelle Cérémonie de Remise des Prix et le Marché International des Musiques Nouvelles se tiennent les 1, 2 et 3 avril au Trianon. Qwartz présente Dancefloor Heroes une soirée dédiée à la musique fonctionnelle à la Machine du Moulin Rouge le samedi 2 avril. Pendant cinq jours, les Qwartz réunissent plusieurs centaines de professionnels, d’artistes du monde entier et le public parisien pour célébrer les musiques électroniques, nouvelles et découvrir les lauréats de la septième édition. Alexandre Grauer le fondateur et Christophe le parrain répondent à nos questions.

25 concerts, des projections, des tables rondes et des rencontres professionnelles jalonneront la manifestation. Comme à leur habitude, les Qwartz réunissent les pionniers et les jeunes générations.  D’Edgar Varèse, père du son électronique à l’inventeur de la variété électronique Jean-Jacques Perrey et l’un des créateurs de la techno, Anthony ‘Shake’ Shakir, les Qwartz donnent à voir et à entendre des créations singulières, inclassables et inouïes. Le Marché International des Musiques Nouvelles rassemble la création indépendante des musiques nouvelles et de leurs disciplines associées venue de 14 pays durant deux jours. Il propose au public de découvrir auprès de 62 exposants des éditions rares et limitées (disques, vinyles, revues, livres). Les Qwartz servent de passerelles, pour permettre aux pionniers et aux héritiers de se rencontrer puis de créer ensemble. L’ouverture sur le monde industriel est importante pour Les Quartz. Ils ont  été choisi par PSA (Peugeot-Citroën) pour présenter des artistes afin de préfigurer le son des véhicules hybrides et électriques du futur, soit l’environnement sonore urbain de demain.
Ainsi les Qwartz participent avec PSA et le CNRS au son futur des véhicules silencieux. Et le partenariat est renouvelé pour l’année 2011.

Pouvez-vous nous présenter les Qwartz ?

A. Grauer :

Qwartz se dédie à la promotion des artistes et des musiques nouvelles et électroniques. Nous organisons des Prix à échelle mondiale ainsi qu’un Marché International, nous aimons mettre en contact des artistes et les présenter à des industriels par exemple. Nous créons des passerelles entre les pionniers et les héritiers et ouvrons les portes de ces musiques exigeantes à de multiples publics. Qwartz, à travers la co-administration de Technopol [Techno Parade] définie des cadres juridiques mieux adaptés à l’activité des artistes de l’électro.

Comment avez-vous  eu l’idée des Qwartz ?

A. Grauer :

 En 2002 il n’y avait pas de média pour ces musiques, la presse était très confidentielle et le désintérêt des sociétés civiles et des institutions étaient quasi total. L’idée d’une Grand’Messe pour la reconnaissance des artistes et de leurs œuvres était une évidence mais à sa création elle fut confrontée à la fermeture d’esprit d’un petit milieu parisien très  imperméable à toutes innovations dans le secteur. On peut les retrouver autour de la Sainte Chapelle parisienne dédiée au numérique.

Seuls les politiques, de Jack Lang à Jean-Paul Huchon en passant par Frédéric Mitterrand, les pionniers comme Pierre Henry, Bernard Parmegiani l’équipe du GRM et les sociétés civiles d’auteurs et d’artistes interprètes ont compris dès le début et soutiennent fidèlement notre initiative afin de maintenir le réseau Qwartz d’environ 3000 labels et 10 000 artistes de 42 pays. Les Qwartz contribuent depuis dix ans à une reconnaissance internationale de ce nouveau répertoire et de ses artistes.

Qu’est-ce que la nouvelle musique électronique ?

A. Grauer :

Musiques Nouvelles et Musiques Electroniques sont des termes génériques, bientôt ils ne voudront plus rien dire. L’expression « Musiques Nouvelles » marque une époque,  « Musiques Electroniques » correspond plus à une grande famille de genres. Quand le projet associé, Archipel (« Archipel, organologie des musiques actuelles » est un projet développé par la Médiathèque de la Communauté française de Belgique, partenaire des Qwartz), aura totalement décloisonné les esprits à l’égard de toutes ces musiques soi-disant difficiles, nous n’aurons plus besoin d’employer ces termes si réducteurs. Les classifications sont ridicules tant les influences sont diverses et complexes.

Parlez-nous de cette 7e édition.

A. Grauer :

Une cérémonie en costume trois pièces avec un maquillage à  la Druillet. 14 pays représentés au Marché International, une sélection de labels et d’artistes de haut vol et une association naturelle avec le festival Némo pour produire. Sur scène notre Président d’Honneur Alva Noto, le Qwartz d’Honneur 2009 Blixa Bargeld et un double lauréat des Qwartz le surdoué Herman Kolgen. Une soirée est dédiée à la musique fonctionnelle, la musique dancefloor et réunit sur un plateau un pionnier de la techno, Anthony ‘Shake’ Shakir et des héritiers de la house music, Actress, Julio Bashmore, the Miracles Club et Bernadott.

Comment faites-vous le choix des membres du jury?

A. Grauer :

Il est complexe de répondre à cette question car le choix du jury est une combinaison d’opportunités, de réflexions et d’éthique. Il faut être absolument passionné pour accepter cette mission. Ils écoutent des heures de musique à l’aveugle, avant de pointer leurs préférences.

Comment les artistes peuvent-ils postuler ? Quels sont les critères de sélection ?

A. Grauer :

Les modalités sont simples et gratuites, il faut adresser une œuvre éditée dans son packaging commercial. Etre présélectionné est une autre étape ! Nous écoutons tout ce qui est envoyé aux Qwartz puis nous écartons les œuvres dont le genre ne correspond pas. Un mixage catastrophique peut par exemple être un motif d’élimination.

Y a-t-il une nouveauté cette année ?

A. Grauer :

Pour la troisième année nous attribuons un prix dans la catégorie arts nouveaux médias, mais c’est la première fois qu’un concours spécifique, piloté par Clémence Seurat, est mis en place. C’est aujourd’hui avéré, les Qwartz participent à la définition de « l’art numérique ». Un prix est une manière d’y répondre surtout quand Pierre Cornette de Saint Cyr connu mondialement pour avoir initié des marchés artistiques est à la tête du jury d’experts.

Les Qwartz ont-ils un public spécifique ?

A. Grauer :

En plus des passionnés du genre, les amateurs de Jazz, de Musique Classique, les professionnels, les plasticiens, les danseurs et tous les curieux de 18 à 80 ans sont là !

Pourquoi Christophe est-il le parrain des Qwartz ?

A. Grauer :

Il venait aux Qwartz comme spectateur au départ, un jour j’ai osé lui demander s’il accepterait d’être jury. Il a renoncé à un trimestre de travail pour se consacrer aux Qwartz !  Christophe est le pont entre toutes les musiques, avec lui tout fait sens, tout est possible, il n’a pas de limite, d’habitude ou de cliché sur la musique.

 

 

Pourquoi êtes-vous le parrain des Qwartz ?

Christophe :

J’aime toutes les musiques, elles sont pour moi des matières différentes et fabuleuses à travailler d’où qu’elles viennent. J’ai une grande attirance pour la touche électro, surtout les synthés, les vintages. Les Arp, les Daisy, les Memory mov sont ma palette sonore, je les  collectionne. Si leur matière sonore me plait à travailler je les achète ! Ils me  donnent mon identité, on reconnaît mes nappes. Tous les synthés m’intéressent, je travaille beaucoup moins le sampler, je préfère la matière sonore de mes 3 Arp. Je peux directement faire des accords entre les synthés. L’électro n’est pas que musical, il est mon tapis sonore pour créer. Le son est un déclencheur, il débloque la mélodie de mes chansons. J’aime aussi écouter les autres, nous avons des influences en commun avec Night Bodom par exemple, j’ai fait un concert avec Allan Véga au centre Pompidou avec eux. Dans le dernier Massive Attack, j’entends des choses que j’ai en préparation, même si elles ne sont pas exactement de la même couleur cela est fou de voir comme je peux être proche de la musique des autres sans le vouloir.

Que vous apportent les Qwartz ?

Christophe :

Des grandes découvertes, j’écoute à l’aveugle, je suis très dur, très exigent, très pointu. Parfois j’écoute en boucle ce que je viens de découvrir, je suis fou de certaines ambiances livrées par les autres. Après j’aime découvrir les noms, associer une image à ces sons qui m’ont bouleversé. Les Qwartz m’ont permis de rencontrer Murcof, il a ajouté un son sublime à mon dernier album Aimer ce que nous sommes. Il ne sait pas combien ce qu’il m’a offert est important et énorme pour mon travail. Il me manque, j’aimerais le voir plus souvent, je voudrais qu’il crée sur le prochain album ses sonorités tant aimées. Je les entends, elles me donnent toujours la chair de poule. J’aime amener sur mes disques ou sur scène des gens qui sont le reflet de ce que j’écoute. Je fais de plus en plus la musique que j’aime, je tente de gérer et de partager. J’ai aimé faire venir les Zercalo, découvert au Qwartz, sur scène. La voix de Victoria la chanteuse bilingue est superbe, sensuelle et au millimètre sur la fréquence. Au Qwartz j’ai filmé en cachette Talvin Sight et ses tablas, il a une technique folle, j’ai fait des gros plans sur ses mains, c’est fou, la résonnance de la peau est idéale pour l’électro.

Être au Qwartz est toujours magique.

Qu’aimez-vous particulièrement comme morceaux ?

Christophe :

Pourquoi on aime un morceau ? Comment un morceau de variétés devient un chef d’œuvre ? On peut expliquer très facilement les sons que l’on n’aime pas, mais ce qu’on aime, ce qui nous fait vibrer est inexplicable avec les mots. Pourquoi aime-je Suicide depuis le début ?

J’aime le son de B Flectman, d’Attom Heart, Mira Davis, Orphx et sa noise très puissante… J’ai adoré et j’adore toujours Guy Borato, il fait de l’électro populaire, il a d’ailleurs été appelé par Massive Attack pour un remix.

Pour vous qu’est la musique ?

Christophe :

La musique est faite d’une émotion sonore qui résonne. Chacun à sa touche sonore, chaque créateur est traversé par des photos, des images, cela fonctionne ensemble. L’image inspire le son et inversement. Dès que je me mets au piano je laisse tourner une machine pour immortaliser. Le piano est juste un moment attrapé pour moi, un hasard, un instant devient une chanson quand on ne connaît pas la musique et ses règles. Posséder un piano donne envie de jouer si le son est plaisant. Tu cherches un accord et d’un coup tu entends une matière pour incruster des diamants de mots. J’ai des visions, sur mon prochain album je vois un sax baryton électro à mort et des nappings tragiques éclatants ! L’important en musique, quelle qu’elle soit, est de laisser la place à l’inconnu, aux possibles.

Mon plus grand rêve serait de faire un concert comme pianiste et carrément faire n’importe quoi pendant une heure et demie, improviser sans limite, offrir des sons.

J’aime beaucoup l’idée du ratage, ceux qui veulent venir à 1h30 de ratage sont les bienvenus !

 

http://www.qwartz.org/

http://www.christophe-lesite.com/

 

Infos pratiques

Playlist Electro : du sang pour les oreilles
Qwartz : Un festival entre création numérique et musique nouvelle
Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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