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Les Francofolies de La Rochelle : l’élégance de Clara Luciani, la disco-chic de L’Impératrice et la coolitude de BigFlo & Oli

Les Francofolies de La Rochelle : l’élégance de Clara Luciani, la disco-chic de L’Impératrice et la coolitude de BigFlo & Oli

14 July 2018 | PAR Cedric Chaory

Jour 3 pour les Francofolies de La Rochelle au maximum de sa capacité d’accueil de festivaliers et de touristes. De nombreux artistes sont encore attendus et parmi eux la Palme de la cooltitude revient à BigFlo & Oli, héros de ce 13 juillet caniculaire.

À l’instar du Bar du In d’Avignon, le Café Pollen, situé derrière la Grande Scène des Francofolies, réunit tous les happy few et professionnels du festival. Et ce 13 juillet, deux tours de chant y sont donnés. Le premier nous présente Mariscal dont l’univers ressemble à s’y méprendre à Dominique A. Au-delà du fait que les deux artistes collaborent avec Jeff Hallam, leur musique a ceci en commun d’être brut, intime et poétique. Avec Plus de temps, Mariscal a signé en mars dernier, un premier album mêlant rock, pop, chanson et électro dans une jolie symbiose. Venu le défendre le temps d’un bref showcase à La Rochelle, il doit composer, lors de ce set matinal, avec les puissants retours de la balance Shaka Ponk. Pour apprécier pleinement l’artiste il aurait fallu être à 11h à la Chapelle de l’Hôpital Saint-Louis. Dans un cadre intimiste et solennel, Mariscal y était alors en duo avec Émilie Loizeau venue célébrer là les 20 ans du Chantier des Francos. Un concert inoubliable au dire des heureux (et matinaux) spectateurs.

L’élégance de Clara

À la suite de Mariscal au Café Pollen: Clara Luciani, nouvelle grande dame brune de la chanson française avec qui il va falloir compter. On l’a découverte chez La Femme. Après un EP plein de larmes, Clara Luciani a publié cette année Sainte-Victoire salué comme un premier effort de très haute facture. Avec sa sublime voix grave et sa plume délicate, Clara Luciani touche en plein coeur. Pas étonnant que Les Insus, Benjamin Biolay, HollySiz et Juliette Armanet l’aient conviée à assurer leur première partie. En cette fin de matinée, elle enchaîne, avec sa seule guitare électrique, 3 titres de son album dont son tube La grenade. L’exercice, on l’a dit, est délicat : il est tôt, elle est face à 30 professionnels et, non loin, BigFlo & Oli font désormais leur balance mais le charme opère instantanément.

Dans la soirée, l’auteure-compositeur confirmera tout le bien que l’on pense d’elle (lire notre interview à Bourges) avec son intense concert donné dans le Grand Théâtre de La Coursive. Encadrée de ses sautillants musiciens, Clara impose sa longue silhouette, son beau sourire et ses yeux noirs : élégante, sûre de son art, sans fioritures. Au terme de son tour de chant qui revisite les principales chansons de Sainte-Victoire, elle demande au public de se lever pour guincher sur La baie, reprise française de The Bay de Metronomy et l’incontournable La grenade. Sans oublier son cover de Lana Del Rey : Blue Jeans…. Coup de cœur du festival.

Goûter disco

En plein cœur de l’après-midi, La Rochelle vibre au son de la pop : électro pour Malik Djoudi et disco pour L’Impératrice.

Du premier, natif du coin et enfant du Chantier des Francos, on aime la voix androgyne et l’électro propulsive. Les chansons de Malik Djoudi sont traversées par le doute, le manque de confiance en soi, le rêve. Et ce manque de confiance en soi est palpable sur scène : Malik braque les projecteurs sur le public pour mieux s’en protéger (et nous apparaît alors en clair-obscur), Malik ose des danses minimalistes en se ravisant illico. À la manière d’un Étienne Daho, le poitevin charme par sa timidité et sa délicatesse. Que de chemins parcourus pour celui qui, adolescent et festivalier, rêvait de se produire sur une des scènes rochelaises : « A l’époque, je suis rentré en passant par la porte de derrière, aujourd’hui, on m’a laissé entrer par devant. » confie t-il aujourd’hui.

Après Sous garantie, Cinéma, une sublime reprise de Cambodia de Kim Wilde pour point d’orgue du concert, il a testé en public plusieurs de ses nouveaux titres tels Verser ma vie, Épouser la nuit ou Tempérament qui figureront d’ailleurs sur le deuxième album de Malik Djoudi à paraître début 2019.

Le concert de L’Impératrice qui succède à Malik Djoudi est d’une toute autre facture. Disco précisément. De la joyeuse bande de six musiciens à la disco-pop sensuel et ravageur, je ne connaissais qu’Erreur 404, sucrerie aux sonorités pop tropicale. Et quelle belle surprise de découvrir, en live, cet univers musical à la fois vintage et totalement futuriste. Porté par la voix suave de Flore Benguigui, L’Impératrice a joué les principaux titres de leur bien nommé album Matahari. Comme la danseuse-espionne aux multiples visages, ce premier opus propose à chaque titre une nouvelle facette (de boule disco) pour un résultat cohérent et dansant en diable. Excellent en tout point.

Giga soirée

La soirée du 13 juillet sur l’esplanade Saint-Jean d’Acre peut supporter aisément tous les superlatifs. Au programme : Berywam, Lorenzo, BigFlo & Oli et Shaka Ponk.

Passés eux aussi par le Chantier des Francos et habitués de la scène Jean-Louis Foulquier, les toulousains Bigflo & Oli ont littéralement enflammé La Rochelle. Dans l’écrin d’un décor représentant un petit village d’Occitanie tout droit sorti de « la vraie vie », les frangins ont assuré le show, tout en enthousiasme et générosité. Ambianceur première catégorie, ils n’ont pas leur pareil pour faire chanter et danser la foule rochelaise, bien décidée ce soir à ravir le prix du meilleur public des festivals d’été. Déjà double disque de platine avec La Vraie Vie, le duo en a interprété, avec pour chœur quelques 14 000 voix, Alors Alors, Dommage. Et pour ajouter à l’hystérie du public : lâcher de ballons et de paillettes à gogo, jets de fumées et autres astuces scéniques basiques mais ultra-efficaces.

Inutile de dire qu’ils ont préparé le terrain pour Shaka Ponk qui, comme à son habitude, à sorti l’artillerie lourde et geek pour livrer un concert de haute volée. Emmené par Sam et Frah, ses chanteurs charismatiques, ainsi qu’un singe virtuel nommé Goz, Shaka Ponk s’affirme là comme le fer de lance décomplexé d’un rock made in France. Déjà récipiendaire d’une Victoire de la Musique catégorie meilleur spectacle en 2013, le show (version festival) livré ce soir prouve – si besoin est – que Shaka Ponk est au top de son art.

À noter que le groupe vient de lancer un collectif d’artistes s’engageant à réduire leur empreinte environnementale. Zazie, M, Thomas Dutronc, Christophe Willem l’ont déjà rejoint. Plus d’infos ici : www.the-freaks.fr 

Visuels :  (c) Olivier Drilhon

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Cedric Chaory

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