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Un arc-en-ciel dans la nuit, de Dominique Lapierre

19 July 2008 | PAR marie

 

L’auteur des célèbres Ô Jérusalem, New-York Brûle-t-il ? et La Cité de la Joie revient dans son dernier livre sur l’histoire de l’Afrique du Sud. A l’heure où le « Père de la nation » Sud-africaine fête ses 90 ans, cet ouvrage sonne comme un hommage.

  Sous une couverture peu engageante, oscillant entre la collection Arlequin et le mauvais thriller, se cache le captivant récit d’un pays dont on ne retient bien souvent que deux noms : « apartheid » et « Mandela ».

Aux origines de l’Afrique du Sud, une simple histoire de salades… La Hollande protestante du XVIIème siècle craint pour ses activités commerciales : les équipages de la Compagnie des Indes orientales d’Amsterdam sont décimés par le scorbut, un mal causé par le peu de vitamines, et donc de légumes, contenus dans les repas des voyageurs aux longs cours. D’après témoins, se trouve quelque part au Sud de l’Afrique un eldorado verdoyant. Une poignée de Hollandais y sont envoyés pour planter des salades et faire de la péninsule du Cap une escale alimentaire. Refusant de pousser plus loin l’aventure coloniale, Amsterdam demande à ses expatriés de construire au bout de la presque-île un canal afin de séparer ce « morceau de Hollande » du reste du continent. L’entreprise était bien trop ambitieuse, le canal est remplacé par une haie d’amandiers sauvages.

« Quatre siècles plus tard, l’odeur de miel et de camphre provenant des rejetons de ces arbres aux longues fleurs bleuâtres embaume toujours la campagne au sud de la ville du Cap, écho lointain du premier acte de ségrégation raciale perpétré par des Blancs contre des Noirs en Afrique du Sud ».

Afin de retracer ces quatre siècles séparant les ambitions potagères de protestants hollandais de l’avènement du premier noir à la présidence sud-africaine, Dominique Lapierre a mené une minutieuse enquête. De ces deux années de recherches, de lecture d’archives et d’entretiens réalisés, l’auteur, qui n’est point historien mais journaliste et écrivain, nous transmet une vivante épopée. L’Histoire de l’Afrique du Sud telle qu’il la narre est d’abord celle de ses hommes, celle de Paul Kruger, l’afrikaner qui combattit l’armée britannique, celle d’Hendrik Verwoerd dont les études dans l’Allemagne nazie aidèrent à forger le concept de “liberté séparée”, celle d’Helen Lieberman, la Blanche doctoresse œuvrant dans les townships noirs, ou celle de Nelson Mandela, devenu du fond de sa prison à Rhodes Island, un mythe vivant, le symbole de la lutte contre l’apartheid…

Les siècles passant avec les pages, plus le récit se peuple et s’incarne, et plus l’on retrouve la fébrilité avec laquelle on avait avalé La Cité de la joie. A l’image de Nelson Mandela, Dominique Lapierre semble incorruptible, éternel philanthrope malgré –ou en deçà- de l’horreur. Son regard optimiste –mais pas moins nuancé- nous renvoie une histoire colorée… celle d’une nation comme un arc-en-ciel : blanche, métis, indienne, noire… Fut un temps, cet arc était blanc, ou du moins se voulait comme tel… Pour comprendre ces changements de teintes, saisissez-vous du livre.

Un arc en ciel dans la nuit, Dominique Lapierre, éditions Robert Laffont, Mai 2008, 362 p, 21 euros

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marie

2 thoughts on “Un arc-en-ciel dans la nuit, de Dominique Lapierre”

Commentaire(s)

  • Bonjour,
    Je voulais juste dire que tu écris bien. J’aime ta manière de nous suggérer la lecture de ce livre. Si j’avais plus de temps en main, je serais partant!

    July 21, 2008 at 17 h 57 min

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