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“Le dernier lendemain” de Ryan David Jahn : un polar dans les règles de l’art

“Le dernier lendemain” de Ryan David Jahn : un polar dans les règles de l’art

18 January 2015 | PAR Audrey Chaix

Après Emergency 911, Ryan David Jahn revient chez Actes Sud (Actes Noirs) avec un nouveau polar, Le dernier lendemain. Los Angeles, les années 1950. Un gamin tue son beau-père d’une balle dans le crâne à l’aide d’un pistolet artisanal. Pour essayer de mettre le crime sur le dos d’un tueur en série, il dessine sur le front de sa victime une étoile à l’aide d’une lame de rasoir – ce qui ne suffit pas à tromper les policiers. Paradoxalement, Le dernier lendemain commence donc avec la résolution d’un meurtre dans les cinquante premières pages. Mais le crime du jeune garçon déclenche toute une série d’événements qui impliquent dans l’affaire un ancien auteur de bandes dessinées reconverti en laitier, un homme d’affaires influent, mafieux à ses heures perdues, sa fille aussi belle que vénéneuse, et un flic veuf camé et complètement paumé. 

ledernierlendemainEn situant son dernier roman dans les années 1950, Ryan David Jahn s’inscrit dans la veine du roman noir américain de l’après guerre, dans la droite lignée de Raymond Chandler, Horace McCoy et autres James Cain. On imagine aisément un film en noir et blanc tiré du Dernier lendemain, avec James Cagney et Veronica Lake dans les rôles titres.

En plus de ces références, Ryan David Jahn imprime sa patte, facilement reconnaissable, à ce roman choral où chaque chapitre précipite de plus en plus inéluctablement le lecteur vers un dénouement sanglant. Nerveux, rapide, sans temps mort, Le dernier lendemain happe le lecteur dans le tourbillon infernal qui aspire Eugene Dahl, le laitier pris malgré lui dans un engrenage sans fin, tout en proposant un regard critique sur la société américaine des années 1950 qui fait écho à celle d’aujourd’hui.

Surtout, comme dans Emergency 911, Ryan David Jahn propose des personnages pétris de faiblesses, aussi médiocres que touchants, ce qui leur confère une véritable humanité. Ce qu’il leur fait subir n’est pas tendre, que ce soit le jeune Sandy de 13 ans, sa mère Candice, déchirée entre la perte de son mari et son amour pour son fils coupable, ou encore le flic Carl Bachman, shooté à la came depuis qu’un cancer lui a pris sa femme. Ce qui les rend d’autant plus crédibles et proches du lecteur.

Le dernier lendemain est un roman qui utilise l’âpreté de la vie pour mieux en saisir l’importance. Avec une intrigue qui emprunte autant aux grandes traditions du roman noir américain qu’aux codes de la tragédie, Ryan David Jahn signe une fois de plus un polar bien ficelé, jonglant savamment entre l’étude des mœurs et le suspense, et au cours duquel on ne s’ennuie pas un instant. Plus que jamais, Le dernier lendemain affirme Ryan David Jahn comme une des étoiles montantes du roman policier américain.

Le dernier lendemain, de Ryan David Jahn. Traduit de l’anglais (US) par Vincent Hugon. Actes Sud, Actes Noirs. Paru en novembre 2014. 416 p. Prix : 23 €.

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Audrey Chaix
Professionnelle de la communication, Audrey a fait des études d'anglais et de communication à la Sorbonne et au CELSA avant de partir vivre à Lille. Passionnée par le spectacle vivant, en particulier le théâtre, mais aussi la danse ou l'opéra, elle écume les salles de spectacle de part et d'autre de la frontière franco-belgo-britannique. @audreyvchaix photo : maxime dufour photographies.

One thought on ““Le dernier lendemain” de Ryan David Jahn : un polar dans les règles de l’art”

Commentaire(s)

  • merceron

    Tres envie de le lire je cours chez mon libraire !

    January 19, 2015 at 16 h 03 min

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