Poésie
Pétrarque reversifié par René de Ceccatty

Pétrarque reversifié par René de Ceccatty

15 November 2018 | PAR Jérôme Avenas

Après sa traduction de « La Divine Comédie » de Dante (Le Point, Seuil, 2017), René de Ceccatty livre un « Canzoniere » de Pétrarque publié dans la collection Poésie/Gallimard qui devrait rapidement devenir une référence.

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Il suffit de lire la copieuse préface de René de Ceccatty pour se convaincre de tenir entre les mains un volume qui restera à jamais dans notre bibliothèque. Le traducteur replace Pétrarque dans le contexte de son époque et sans les opposer, le confronte d’emblée à Dante. Les deux poètes sont séparés d’une génération. « Dante était un Florentin engagé dans la vie politique de sa ville et soucieux de critiquer violemment le pouvoir temporel de l’Église, de Rome donc, et de ses ennemis ghibellini, mais avant tout un homme de recherches philosophiques et scientifiques . Pétrarque, Arétin exilé dans le midi de la France où il fit ses études de droit, fut rapidement attaché à l’Église, ne dénonçant que la présence pontificale à Avignon et la déchéance de la conduite du clergé, loin de Rome dans cette Babylone qu’était pour lui Avignon. »
Le Canzoniere est l’œuvre la plus célèbre du poète, œuvre qu’il considérait pourtant  « avec une certaine condescendance » comme des « nugae » (broutilles), parce qu’écrite en langue vulgaire, le latin étant réservé au travail considéré comme plus sérieux des écrits religieux et philosophiques. La poésie de la Renaissance française, de Ronsard à Louise Labé doit beaucoup au Canzoniere. Un vers comme « Je crains, j’espère, et brûle et suis de glace » (sonnet 134) suffit à nous en convaincre. Le Canzoniere c’est l’obsession amoureuse pour Laure de Noves aperçue le 6 avril 1327 dans l’église Sainte-Claire d’Avignon, traité d’amour chaste en vers.
La traduction de Ferdinand de Gramont, dans la même collection Poésie/Gallimard date de 1842. Bien qu’en prose, elle a ses qualités, mais celle qui nous est livrée aujourd’hui affronte la versification avec courage, dans une recherche plus rythmique que sonore : « L’absence de rimes dans ma traduction fait certainement oublier ou, au contraire, selon les solutions que j’ai apportées , souligne exagérément ce que l’exigence d’assonances dans le texte d’origine a apporté de termes inattendus qui viennent dynamiser le raisonnement, multipliant d’inévitables métaphores commandées par leur sonorité et accentuant nécessairement l’artifice du poème. » Ce sont également les analogies avec la poésie et la pensée japonaise de la même période qui donnent un nouvel éclairage à cette lecture de l’œuvre.

Pétrarque, Canzoniere, Traduction de l’italien et préface de René de Ceccatty, collection Poésie/Gallimard, septembre 2018, 560 pages, 12€

Visuel : Couverture du livre

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