Poésie
Gourmande ouverture de la Maison de la poésie, scène litteraire

Gourmande ouverture de la Maison de la poésie, scène litteraire

17 May 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

 

 

 

 

Nous vous en parlions il y a quelques semaines, La Maison de la Poésie a changé d’identité. Désormais sous la présidence de Bernard Comment, le lieu est en train de devenir, comme il l’a souhaité, sous la direction de Olivier Chaudenson, un havre de rencontre et de démocratisation de la poésie. Pendant un mois, tous les jours, il est possible de découvrir le panel de la programmation. Cela commençait hier, avec une lecture-dégustation tout à fait délicieuse !

En guise d’amuse-bouche, le petit hall qui s’est refait une beauté toute brique se laisse envahir par un public nombreux et par la voix de la mezzo-soprano Marie Faure, accompagnée au violoncelle par Maëva Le Berre, le tout enrobé de la lecture enregistrée de Gherasim Luca. Purcell, Fauré ou Hahn ont ainsi accompagné de façon très élégante l’entrée dans la grande salle de la maison.

Sur le plateau, un grand rideau noir est tendu, laissant apparaître devant lui une table basse recouverte d’une multitude de livres dont les pages sont ponctuées de post-it.

Pour cette soirée d’ouverture, Bernard Comment a voulu tirer le fil de … l’ouverture. Cela a le mértite d’être net et clair ! Pour ce faire, il a imaginé une soirée en trois niveaux : d’abord, une lecture par Dany Laferrière des poésies qui l’ont marqué suivi d’un dialogue autour de la nourriture avec Ryoko Sekiguchi, les deux devant ensuite se rejoindre pour un buffet littéraire qui cette fois était comestible.. et délicieux !

L’auteur de Je suis un écrivain japonais, prix Medicis 2009 pour L’énigme du retour commence à lire en nous promenant dans sa vie et ses exils. Il pioche dans Henry Bauchau, Davertige (alias Villard Denis), Borgès ou Richard Brautigan. Il en profite pour nous raconter comment il a quitté Port-au-Prince pour Montréal, comment sa vie n’est faite que de va-et-vient… jusqu’au jour où sa maman lui a reproché de ne pas avoir mis assez de matérialité dans ses livres.

C’est comme cela que depuis, chez Dany, on mange. Dans Chronique de la dérive douce, où il se clochardise, il nous offre une recette de pigeon de square : “Je le plonge tout emplumé dans l’eau bouillante, le retire une vingtaine de minutes plus tard et le pose ensuite délicatement sur une assiette blanche pour lui enlever les plumes une à une avant de lui ouvrir le ventre. Finalement, je le laisse mijoter une bonne heure dans un bain de jus de citron. Cette recette de pigeon au citron, je la tiens d’un vieil alcoolique du parc, grand amateur de viande gratuite “

Et cela, la romancière japonaise vivant à Paris, Ryoko Sekiguchi l’a totalement saisi ! Elle s’amuse à lire Dany Lafferière dans le texte en épluchant la peau des mangues qui jaillissent de tous ses livres au point même que ce fruit qu’il adule orne la couverture de L’art presque perdu de ne rien faire. Elle, elle écrit sur la poésie du gout, recueillant dans ses ouvrages les mots et les adorations que les auteurs, souvent japonais, vouent, notamment au saké. Elle affirme ” l’acte de manger est une figure incontestable de la fiction contemporaine”, qui pourrait le nier ?

Le dialogue se fait riche et amusant entre l’Haitien-Canadien et la Japonaise-Française. On navigue entre toutes les cuisines jusqu’à que se pose la question du dernier repas avant la fin du monde.  Il se dessine convivial.

C’est dans cet esprit, mais avec l’espoir que le jour se lèvera demain que le rideau noir s’est levé, découvrant un gargantuesque buffet de victuailles traduisant les titres des livres de l’auteure ” manger fantôme, astringence, le club des gourmets”…  Ryoko Sekiguchi a cuisiné quatre jours durant, en appelant même à l’eau de vie de sa maman pour composer des délicieuse verrines … à la mangue.

Délice des oreilles, de la vue et de la bouche, tous les sens ouverts ont accueilli cette nouvelle ligne de la Maison qui vient effacer l’idée d’une poésie ampoulée et ennuyeuse. Cette maison se veut chaleureuse, on pourra même y dormir, dimanche, à l’occasion d’une sieste acoustique et poétique où, allongés… Bastien Lallement, Camélia Jordana, Maeva le Berre ou Sebastien Martel vous diront des mots doux…

Tout le programme jour à jour : ici

Visuels : (c) ABN

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