« Père et fils » de Larry Brown, les vrais pères sont absents…

Larry Brown est un auteur de romans noirs. Il commence à écrire des nouvelles à partir de 1980. Un éditeur remarque un jour une de ses nouvelles dans un magazine et, enthousiasmé par son écriture forte, décide de prendre contact avec lui.  Son premier roman est publié en 1989. A partir de 1990, il se consacre à l’écriture. Il enseigne l’écriture dans plusieurs universités. En quelques années, Larry Brown est reconnu comme un grand romancier, par la critique qui lui décerne de nombreux prix tel le Southern Book Critics Circle Award for Fiction, comme par les lecteurs. Il décède d’une crise cardiaque en 2004 à l’âge de cinquante trois ans, laissant une œuvre forte et inachevée de six romans, deux recueils de nouvelles, une autobiographie et un essai.

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Après trois ans derrière les barreaux, Glen sort tout juste de prison. Il rentre chez lui, dans ce Sud écrasé par la chaleur où son père, son frère, sa petite amie et le fils qu’elle a eu de lui, l’attendent. Quarante-huit heures plus tard, Glen a déjà commis un double meurtre. Aucun indice ne peut mener jusqu’à lui. Mais tout va conduire à faire rejaillir à la surface les secrets enfouis depuis deux générations, les démons qui hantent les âmes en peine de cette famille aux prises avec son destin.

 « Père et fils » est un roman noir à l’ambiance étouffante et moite. Le décor prend forme sous nos yeux, photographique, cinématographique,  plantant des personnages rudes dans une petite bourgade du sud des États-Unis où règne le spectre de la ségrégation raciale. Tous les acteurs du récit sont enfermés dans leurs conditions, assignés à des rôles, de la même manière qu’ils sont enfermés dans cette ville de laquelle ils ne peuvent s’échapper, et où ils reviennent inexorablement.
Plus le roman avance, plus la tension monte. Le rythme lent du roman balade le lecteur d’un bout à l’autre, le faisant douter constamment, faisant monter la pression jusqu’au niveau maximum supportable. Larry Brown dit les choses simplement. Il prend son temps, s’attarde sur des instants de vie. La vérité émerge subtilement et avec sobriété. Le ton est juste, rien n’est décoratif. Le personnage de  Glen est épais, à la fois sympathique, pitoyable, triste, et violent, enfermé dans la jalousie, la haine et les mensonges. Il incarne aussi la relation au père, la relation au fils. Et finalement, plus que l’intrigue, c’est cet aspect là du livre que nous préférons, son aspect psychologique. Ce qui est intéressant ici, c’est que le vrai père n’est pas biologique, c’est une fonction que l’on choisit en toute connaissance de cause, mais qui n’est pas imposée par la nature. Dans « Père et fils » les vrais pères sont absents, ne s’occupent pas de leurs enfants et préfèrent traîner dans les bar, se saouler, avoir des maîtresses…

Un titre que nous recommandons, même si la lenteur de rythme risque d’ennuyer et de mettre en déroute certains lecteurs.

« Père et fils » de Larry Brown, collection Totem, 416 pages, 11 euros, éditions Gallmeister.