Livres

Nina Bouraoui dépeint le deuil d’un premier amour en Algérie

14 May 2011 | PAR Yaël Hirsch

L’auteure de “Mes mauvaises pensées” (prix Renaudot 2005) et de “Nos baisers sont des adieux” est de retour chez stock avec “Sauvage”. Une adolescence algérienne à l’aube des années 1980, où la jeune-fille vient de perdre son premier amour et se retire en son for intérieur pour repenser le monde qui l’entoure à la lumière de cette perte.

Alger, 1979, alors que sa famille s’apprête à fêter en grande pompe le passage à 1980, la jeune Alya ne se remet pas de la disparition de son premier amour, Sami, disparu il y a tout juste un an. Sa sœur a beau passer tous les tubes du moment en fumant des cigarettes en cachette, et ses parents faire comme si rien ne s’était passé, Alya ne se remet pas de cette perte. Elle a prié tous les soirs pendant cent jours pour que Sami revienne. Rien ne s’est passé et pourtant Alya conserve la foi. Plus dans les hommes mais en Dieu. Peut-être la vérité sur ce qui s’est passé viendra-t-elle de l’inquiétante voisine de l’âge de sa sœur, Fatia qui semble lire dans le cœur des gens comme dans un livre ouvert?

Magistrale auteure, Nina Bouraoui parvient par un jeu de collage de textes à retrouver l’essence de l’adolescence. Si le style n’est résolument pas celui d’une jeune fille à peine pubère, les questions qu’elle se posent et leur poésie touchent tellement juste qu’il paraît tout à fait vraisemblable que le deuil porte le personnage de la jeune narratrice à écrire avec autant de profondeur et de justesse. Cette attachante sauvage est  sans roseaux et sans repères, car ne trouve pas tour d’elle d’interlocuteurs. Elle parle néanmoins de manière intime et universelle à chacun d’entre-nous.

Nina Bouraoui, “Sauvage”, Stock, 236 p., 18,50 euros.

Je n’ai pas peur la nuit avant de m’endormir, je n’ai pas peur des esprits, j’ai peur de ce qui existe. Je crois que j’ai peur de la vie, comme on me l’a donnée, proposée. Parce que j’ai toujours l’impression de ne pas avoir le choix. D’être obligée de suivre les autres, le monde. La marche du temps. C’est comme un écrasement de avoir cela. D’être obligée de l’accepter pour devenir une vraie personne, c’est-à-dire une personne qui trouve sa place, qui s’inscrit dans ce monde et qui participe, avec les autres, à la marche, sans jamais pouvoir l’arrêter, ou lui faire de sens. La rotation des planètes. Toujours“. p. 33

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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