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Le Testament de Jaffa, un premier roman engagé dans le passé d’Israël

10 October 2010 | PAR Yaël Hirsch

Reconnu pour ses nouvelles, publiées notamment en Anglais, l’israélien vivant  actuellement à Torronto, Avner Mandelman signe un premier roman très critique sur Israël. Sous forme de thriller historique, “Le Testament de Jaffa” suit un jeune israélien qui, écœuré par ses activités dans les services secrets, a décidé de renoncer à sa nationalité israélienne et de vivre au Canada. Mais la mort de son père le force à rentrer précipitamment à Tel-Aviv où le passé de la famille le saisit à la gorge, avec toute la fermeté d’un monstre mythique : le Debba.

Dans la légende du Moyen-Orient, le Debba est un monstre arabe supposé venger l’honneur arabe face aux isréliens. C’est aussi le titre d’une pièce de Théâtre que le père de David Starkman lui demande de mettre en scène, dans ses dernières volontés. On est dans les années 1970 et David a quitté le pays depuis huit ans afin d’échapper à d’affreux cauchemars qui hantent ses nuits après plusieurs années à effectuer des opérations de nettoyage (le “dreck”) pour les services secrets israéliens. Alors que l’unique représentation de la pièce en 1946, n’avait pas pu se poursuivre jusqu’au bout, David a besoin de l’aide de son meilleur ami, blessé pour lui sauver la vie à la guerre, de sa fiancée qu’il a follement aimé, et des anciens associés arabes de son père. Alors que ce dernier a été assassiné, produire cette pièce est peut-être la seule manière pour David de savoir qui a tué son père…

Creusant dans le passé familial, aussi bien  que dans celui de l’État d’Israël, “Le testament de Jaffa” verse une lumière crue sur l’impossible entente entre arabes et israéliens, malgré certains liens d’amitiés passés. Si certaines paroles valent encore quelque chose, le sang versé, et les trahisons hantent le présent au point que même la littérature n’est plus fiable. Il y a quelque chose de dur et d’intransigeant dans ce premier roman. L’intrigue parfaitement déroulée laisse cependant au lecteur un goût amer à chaque page. Le ressentiment nourrit les lettres, et pointe avec précision de très anciennes blessures. Un travail d’orfèvre et de soufre.

Avner Mandelman, “Le testament de Jaffa” (“The Debba”), traduit de l’Anglais par Jean-Luc Defromont, Liana Levi, 384 p., 19 euros.

“Et il y avait bien entendu des cours de Bible, hebdomadaires et obligatoires, assurés par le colonel Shafir en personne. ‘Bref, disait-il, n’oubliez jamais la raison pour laquelle vous faites tout ce dreck.’ Il martelait du poing le voume relié en noir : ‘C’est le Mein Kampf de Dieu!” Nous nous esclaffions, mal à l’aise, par devoir. Nous détestions tous les cours de Bible. Mais aucun de nous ne les séchait.” p. 77

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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