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Le syndrome de Warhol et Melo Bielo, deux bd totalement déjantées

22 December 2010 | PAR Sonia Dechamps

Toutes deux sélectionnées en compétition officielle à Angoulême, « Melo Bielo » et « Le syndrome de Warhol » sont deux bandes dessinées totalement déjantées et fondamentalement jouissives.

Dans « Melo Bielo », le lecteur prend la route aux côtés d’un camionneur (Kosmalsky) à la passion bien particulière : le tennis féminin… slave. Les hasards faisant parfois bien les choses, ce chauffeur moustachu – au look tendance catcheur – est envoyé par son patron à Minsk où, précisément, se tient un open de tennis auquel participe une tenniswoman qu’il affectionne tout particulièrement : Makarina Witkoff.
Mais le voyage se révèle des plus agités. Industriel véreux, frites, choucroute, vodka – beaucoup de vodka -, sexe, beluga (« mammifère marin préféré des enfants ») aux pouvoirs psychiques bien étranges, trafiquants… sont au programme.

Le lecteur l’aura compris dès les premières pages, il embarque pour un road trip complètement « barré ». Il ne s’attend dès lors à rien, sachant qu’absolument tout – et surtout n’importe quoi – peut arriver.

Le dessin lui est relativement sobre, assez minimaliste, ce qui appuie ce côté humour « pince-sans-rire », qui donne sa couleur à « Melo Bielo ». Car si ce qui se déroule dans la bande dessinée est totalement loufoque, les illustrations, elles, restent toujours très carrées. Les personnages d’Olivier Besseron ayant tout de même – entre autres – les spécificités de n’avoir que quatre doigts et de ne pas avoir de pupilles, ce qui donne aux personnages une expression hallucinée permanente.

Loufoque, le scénario – de Frédéric Felder, Francky Baloney du magazine Feraille – de ce « Mélodrame Biélorusse » n’en est pas moins acide et finalement assez tragique, amer.

Et pour les curieux, rendez-vous sur le site : www.melobielo.com.

Encore plus ouvertement déjantée, « Le syndrome de Warhol » entraîne le lecteur en 1987, dans un univers qui n’est pas sans rappeler celui des films de Tarantino ou de Rodriguez.

Les boyaux sortent, le sang gicle… tout est montré avec ostentation. Entre gore et pur délire, le lecteur en vient à se demander si David Cren et Renaud Cerqueux n’en font pas un peu trop, et puis il tourne la page et se dit que décidément non, c’est ce « trop » qui est, ici, tout simplement parfait.

Là encore, le lecteur prend la route, mais cette fois-ci accompagné de trois personnages hauts en couleurs (au sens propre comme figuré) : Rossé Louisse, Jared et Ute. Le but du voyage ? La recherche d’un mystérieux inconnu – pas si inconnu que cela mais chut – dont le front est gravé d’un 21. Tout cela, sous l’égide d’un scientifique fou, ancien nazi qui après avoir cherché à « créer l’übermench, le zurhomme » par le clonage, entend sauver le rock.

« De nulle part à Las Vega, il n’y a que quelques kilomètres… » et rapidement tous se retrouvent à la 10ème convention internationale des sosies d’Elvis Presley.

Cela part dans tous les sens et ne s’arrête jamais. Et c’est avec des cases très denses et sombres que l’image accompagne ce « trop plein » assez savoureux ; donnant parfaitement vie à aux personnages surréalistes qui composent le récit.

« Le syndrome de Warhol » offre à voir un vrai carnage ; c’est sanglant et loufoque, un pur délire sur fond rock.

Deux bandes dessinées de « bon n’importe quoi » qui ont inauguré – avec succès – une toute nouvelle collection chez Hugo & Cie, la « Factory » ; une collection à suivre.

 

« Melo Bielo » d’Olvier Bessron et Frédéric Felder chez Desinge & Hugo & Cie, collection Factory

« Le syndrome de Warhol » de David Cren et Renaud Cerqueux chez Desinge & Hugo & Cie, collection Factory

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Sonia Dechamps

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