Le petite prophète du 5e arrondissement
Après “Dans la tête de Shéhérazade“, et ” Stéphanie Janicot poursuit avec “Que tous nous veuille absoudre” ses contes de la place de la Conterscarpe à travers l’histoire d’une famille recomposée que les prophéties d’un petit garçon de dix ans vient sortir d’un long immobilisme suita au traumatisme de la mort du père. Un roman multi-générationnel aux accents bibliques…
Solel était un grand reporter de guerre. Mort dans l’explosion de sa voiture, il a laissé à quelques pas de lui sa deuxième et jeune femme, Saar, sa première femme pharmacienne Catherine, et les deux grands enfants qu’il a eu avec cette dernière, le photographe de la famille Sam, et Julie, ado rebelle. L’accident a laissé Saar handicapée à vie, et celle-ci a du mal à quitter la place de la contrescarpe, sauf lorsque Sam essaie de remplacer son père et de l’emmener à l’autre bout de la ville sur sa moto. Catherine est une sainte qui s’occupe de tout le monde, y compris de son nouveau mari, professeur à la retraite aux tendances dépressives. L’arrivée du petit Immanuel dans le quartier va bouleverser la vie de cette famille soudée mais en sommeil depuis la mort du patriarche. Le petit garçon de dix ans, prêche en effet sur la place de la Contrescarpe et de leurs divers appartements attenants à cette partie du 5 e arrondissement, tous écoutent les étranges menaces que Immanuel profère dans un vocabulaire bien trop chiadé pour son âge. Une puissance supérieure s’exprime-t-elle à travers le jeune esprit innocent. Si oui, que tente-t-elle de dire à tous ceux qui ont du mal à faire de deuil de Solel?
Avec titre extrait de la ballades des pendus de Villon et un sujet qui permet de faire une coupe d’observation dans le sein d’une grande famille recomposée et qui mêle artistes et journalistes cools à des profs un peu plan-plan, “Que tous nous veuille absoudre” inclut dans son mode d’emploi efficace un Dieu qui est quand même un peu resté familier. Les souvenirs de la courageuse Saar permettent de voguer entre Tel-Aviv et Bagdad, tandis que les errances de Sam permettent parfois de voir d’autres lieux parisiens que le 5 e arrondissement. Dans ce joli roman, bien bâti, Stéphanie Janicot prouve qu’à chaque opus, elle maîtrise encore un peu mieux son art.
Stéphanie Janicot,”Que tous nous veuille absoudre”, Albin Michel, 266 p., 19 euros, sortie le 19 août 2010.
“Malheur! J’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures!
S’ensuit un de ces silences creux que même le soleil tant attendu depuis des mois ne comble pas. Il était ce que nous n’attendions pas, nous savons que désormais nous l’attendront, nous guetterons les prochains mots, afin de savoir à défaut de ce qu’il cherche à nous dire, pourquoi il s’est posé là.” p. 41
2 thoughts on “Le petite prophète du 5e arrondissement”
Commentaire(s)
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beauvieux
forte tentation… encore une fois…
bonne journée
Szulc
Vite fait, vite lu, complet, la classe.
A ranger avec Abecassis ?