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“La Veuve Basquiat” de Jennifer Clément : passion et création dans l’underground new-yorkais

“La Veuve Basquiat” de Jennifer Clément : passion et création dans l’underground new-yorkais

08 March 2016 | PAR Marine Stisi

Les éditions Christian Bourgois publient La Veuve Basquiat, roman de Jennifer Clement retraçant un pan de la vie de l’artiste new-yorkais Jean-Michel Basquiat, à travers le prisme de sa compagne et muse, l’intrigante Suzanne Mallouk. Un livre passionnant qui offre au lecteur une plongée dans l’underground new-yorkais, subversif et excessif, des années 80.

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A la vie à la mort

« Derrière chaque grand homme se cache une femme », écrivait Gabriel-Marie Legouvé. Les artistes de chaque siècle, chaque époque, ont souvent caché derrière une confiance démesurée l’épaule attentive d’une femme. Gala pour Salvador Dali, Edie Sedgwick pour Andy Warhol, Yoko Ono pour John Lennon… Les exemples sont bien trop nombreux pour être tous cités. Nombreuses ont été les femmes, muses des temps modernes, à inspirer divers artistes dans leur travail, à les soutenir, et à traverser les tempêtes morales et sentimentales à leurs côtés.

Tel est le cas de Suzanne Mallouk, canadienne aux origines orientales. Dès 1980, la jeune femme arrive à New-York, devient serveuse dans un club branché, et Jean-Michel Basquiat, alors illustre inconnu mais futur peintre à la renommée internationale, vient tous les soirs, rien que pour la regarder. Il naîtra entre les deux une relation passionnelle et tumultueuse, faite de beaucoup d’excès, mais malgré tout, de beaucoup d’amour, jusqu’à ce que la mort les sépare. La mort prématurée de Basquiat, en 1988, suite à une overdose de cocaïne et d’héroïne.

Grandiloquence new-yorkaise

Proches de la factory d’Andy Warhol, de Madonna, de Keith Haring, de Schnabel, tous artistes à paillettes de la scène new-yorkaise des années 80 (autrement dit, le centre du monde artistique et underground), Basquiat et Mallouk évoluent dans un monde intense, romanesque, excessif, où la drogue, le sexe et la violence règnent en maîtres. La veuve Basquiat, en plus d’être un document passionnant sur l’œuvre et les motivations d’un artiste charismatique, est un véritable tableau d’une société, d’une époque. Une plongée dans un New-York qui n’existe plus, celui du Chelsea Hotel, de la Factory. Une plongée également dans la vie d’un artiste noir (et de la communauté noire plus globalement), avec toutes les batailles, et bavures, que cela implique.

Fait de phrases incisives et percutantes, le roman de Jennifer Clement réussit le pari d’allier style et pertinence. Le projecteur centré sur Suzanne Mallouk est inédit, l’œuvre de Jean-Michel Basquiat est traitée d’une manière juste et personnelle. Une véritable réussite qui offre à la mémoire de l’artiste un beau cadeau, et un coup de projecteur sur une femme qui a sa part de responsabilité dans la réussite du peintre.

Jennifer Clement, La Veuve Basquiat, Editions Christian Bourgois, 208 pages, 14€.

Date de parution : 3 mars 2016.

Visuel : (c) DR

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Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

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