Fictions
“Villa des femmes”, Charif Majdalani livre un récit palpitant

“Villa des femmes”, Charif Majdalani livre un récit palpitant

24 August 2015 | PAR Flora Vandenesch

A l’aube de cette rentrée littéraire 2015, l’auteur libanais lève le voile sur son cinquième roman. Avec Villa des femmes, il déroule le fil d’une histoire intime sur fond de crise politique au Liban dans les années 60, hissant haut à la pointe de sa plume le portrait d’une grande famille et à travers elle, une féminité à plusieurs visages dans un pays en plein bouleversement. Un récit brodé de demi-vérités, porté par une dimension historique puissante, délicieusement lové dans le secret d’une alcôve.

majdalaniChef d’une riche famille libanaise, Skandar Hayek est propriétaire d’une usine et de nombreux terrains. Il a hérité d’une fortune transmise de père en fils depuis trois générations qu’il s’évertue à faire prospérer pour perpétuer cette richesse et la céder à son tour à ses trois enfants : deux fils aux caractères diamétralement opposés, l’ainé étant un hédoniste inconsidéré et le second, un aventurier avide d’horizons lointains et sa fille belle comme le jour, le regard hautain et fier. Son chauffeur et second, Noula, à son service depuis l’enfance, a gagné la confiance de tous. C’est à travers le prisme de son regard que sont dévoilés les évènements, les succès et les défaites qui jalonnent l’histoire de la famille Hayek. Charif Majdalani a choisi un point de vue témoin à la fois très intime et étranger qui donne une tessiture particulière à la narration. Sa perception aimante et entière, souvent pleine d’incompréhension, évite les écueils des idées préconçues, ouvrant des brèches dans le ciment des certitudes.

Un roman résolument moderne, qui se joue des des apparences trompeuses, portant sur son front les couleurs rêveuses d’un conte oriental sans âge, en son sein la question de la naissance et de l’acquis, du savoir et de la distribution des pouvoirs. Les personnages peuvent affronter la fatalité et la modeler suivant leur conscience et leur désir, chaque histoire personnelle liée par le même destin tragique quand un monde de traditions figées bascule. Au fil de son écriture chatoyante et languide, Charif Majdalani dépeint une majestueuse fresque familiale, mettant à jour les ambiguités et la noblesse de l’âme humaine confrontée au formalisme, les limites auxquelles se heurtent la dévotion, la générosité ou le pardon. Ce mélange de fraîcheur et de rigueur est empreint d’une grande tendresse où l’espoir grignote du terrain sur les terres abîmées et ravagées par les guerres, alors que la force et l’intelligence féminine viennent reprendre leurs droits.

Charif Majdalani, Villa des femmes, éditions du Seuil, 279 pages, 18 euros. Sortie le 20 août 2015.

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Flora Vandenesch

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