“La vie des Glouk” : dans le Shtetl de Nelly Wolf
Pour son nouveau roman, Nelly Wolf nous entraîne dans La vie des Glouk, entendez l’histoire du couple Victor et Ety, duo pierre-richardesque ashkénaze. Un livre qui fait pendant à Les Glouk: chroniques ashkénazes paru en 2009.
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Avec une écriture pleine d’humour, Nelly Wolf décrit les mille et une mésaventures de la famille Glouk. Partir en randonnée, changer une ampoule, faire un voyage de mémoire à Rachtig, échanger son appartement avec des inconnus…. tout est prétexte à des cascades de petits emmerdements. La cause ? Elle est génétique. Les Glouk sont ashkénazes, et impossible pour eux de se défaire de leur culpabilité viscérale du survivant. Ety rêve de séances de psychothérapie collective sur le modèle des AA, version Ashkénazes Anonymes évidemment.
Et dans la vie des Glouk gravite tout un petit monde. Parmi les vivants, on compte un frère ultra caché, Vlady, diminutif de Vladimir, les enfants Glouk : la tranquille Coraline, la rouge Lou et l’adolescent témoin des douces folies parentales : Jeremy, et ailleurs, une cohorte de fantômes.
Les Glouk sont ultra parisiens, ils sont profs, de gauche, vont au spectacle ( Nelly Wolf a le don pour distorde les noms de chorégraphes réels ), au cinéma, détestent la campagne (mais y vont quand même, et s’en plaignent).
Le roman se compose de 26 courts chapitres qui peuvent se lire comme des nouvelles. Tous sont acides, délicieusement écrits, et nous font souvent éclater de rire. Les souvenirs interviennent dans les tribulations du présent, sans cesse, comme si ils étaient prisonniers de leur statut officiel d’élus faisant partie de “La deuxième génération”. Mais alors, que se passera-t-il pour la troisième semble interroger l’auteure en filigrane, dans les actes légèrement rebelles du petit dernier ?
Extrait :
“Le monologue de Vlady Bel”
Elle m’emmerde ma sœur. C’est de la bigoterie. Chaque année elle invente autre chose avec son Victor. Que soit-disant ils se rapprochent du judaïsme . Ça commence par “on ne mange plus porc”. Et après on apprend l’hébreu. Et après Jeremy il fait sa bar-mitsva. C’est ridicule. Moi pas question que je mette les pieds dans une synagogue (…)
La Vie des Glouk, de Nelly Wolf, Pont 9, 335 p., 19,90 €.