“Tu n’as pas changé” : Marc Lambron publie un texte écrit à la mort de son frère
Récemment le conseiller d’Etat s’était illustré par ses essais politiques très stylés sur les coulisses du pouvoir. Avec Tu n’as pas changé, il entre dans le registre de l’intime puisqu’il s’agit du journal écrit, quelques mois après la mort de son frère, en 1995. Un livre pour lequel Marc Lambron ne souhaite pas faire de promotion.
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Marc et Philippe ont quatre ans d’écart. Le premier est à la fois le plus rangé et le plus révolté. Le premier à quitter le giron familial lyonnais pour se lancer à l’assaut de la capitale : Scpo, ENA amis aussi rock et questions tous azimuts. Dandy touche à tout, le petit frère est un séducteur insaisissable. Il court après un aîné brillant qu’il provoque comme un (contre)modèle, de loin, puis de plus près quand il élit la femme de son frère comme première confidente…
Le jour où Philippe annonce à Marc qu’il a le SIDA, le grand frère sait qu’il devra être solide comme un roc, et jamais dans l’apitoiement pour soutenir de toutes ses forces ce jeune-homme 26 ans condamné. 9 ans plus tard, en 1995, après de nombreux voyages, une carrière réussie de banquier d’affaires et une longue lutte acharnée, le petite frère meurt emporté par la maladie.
Reste un vide et la peur de l’oubli que le texte du journal vient combler avec autant de narcissisme de survie que d’amour pour celui qui n’est plus et qui ne sera jamais vraiment connu. Un texte fort, noble et magnifique, où l’émotion est d’autant plus forte qu’aucune larme n’est versée…
Marc Lambron, Tu n’as pas tellement changé, Grasset, 145 p., 15 euros. Janvier 2014.