“Sexe” : Christophe Donner livre une oeuvre longuement maturée

Prix de Flore en 2001 pour L’Empire de la morale et généreux auteur depuis, Christophe Donner présente Sexe comme son livre culte et clé qu’il n’a jamais pu écrire auparavant. Une vie parisienne et installée se heurte à un passé follement amoureux à l’étranger, dans une jeunesse malheureuse de trop aimer. Un livre cru et à nu, qui porte bien et sobrement son titre comme un étendard.

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Tout commence par un accident de vélib’ qui relance une chaîne de douleurs et de fragilités physiques. Le narrateur essaye d’écrire son livre-phare, son livre-manquant, promis depuis des lustres à son éditeur. Sexe doit raconter le plus grand désir, le plus grand amour : celui pur l’homme Moïse, au Mexique puis à Paris, Moïse qui a trahi avec un autre. Désormais en couple bourgeois et installé avec la fantasque et chaleureuse Dora, le narrateur va dépasser ses tares physiques, son goût qui a disparu et son mal de dos pour mettre le dernier coup de hanches et de style à un Sexe qui oscille entre les voluptés de l’Amérique latine et les plateaux télés d’un Paris un peu pluvieux où les chauffards sont à vélo.

Divinement bien écrit, jouant avec maestria sur les damiers charnus de l’autofiction, Sexe est une grande piste de sensation, de réminiscence et de jeux un peu pervers mais délicieux à lire où l’auteur nous perd et nous reprend. Tous les personnages sont attachants – sauf peut-être le plaintif narrateur dont on ne peut se passer- dans ce roman riche de sens, dans tous les sens, surtout les sens interdit. A lire à offrir, comme un puzzle ou un labyrinthe de mots choisis.

Christophe Donner, Sexe, Grasset 272 p., 19 euros, Sortie le 17/01/2018.
visuel : couverture du livre