Fictions
Sarkozy, Platon, même combat : haro sur la littérature par William Marx

Sarkozy, Platon, même combat : haro sur la littérature par William Marx

01 February 2016 | PAR Marianne Fougere

Les détracteurs de la littérature sont légion, et les assauts lancés contre elle nombreux. Après s’être attaqué, dans L’Adieu à la littérature, aux critiques internes, formulés par les écrivains eux-mêmes, dans son nouvel essai La Haine de la littérature, William Marx passe en revue les différents procès intentés à travers les âges contre les lettres.

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Inutile la littérature? Le débat ne date pas d’hier, mais la question se fait d’autant plus urgente aujourd’hui que la littérature est en voie de disparition, que nous vivons, comme le suggère William Marx, “dans un monde où la littérature a perdu presque tout pouvoir et toute autorité, coquille vide bonne à meubler les heures perdues d’une classe de plus en plus restreinte et accaparée par bien d’autres distractions”. De Xenophane de Colophon (et non Platon comme on le croit, à tort, trop souvent) à Bourdieu, en passant par le fiston indigne suranné Tanneguy Le Fèvre ou le redoutable Jean-Jacques (Rousseau) qui cachait bien son jeu, William Marx nous relate, non sans humour et panache, une guerre secrète mais permanente. Que ce soit au nom de l’autorité, de la vérité, de la moralité, ou de la société, les discours antilittéraires n’ont eu de cesse de brider les lettres, de se déplacer sur d’autres fronts quand l’efficacité de leurs arguments venait à s’épuiser.

Et dans cette entreprise de destruction massive, quelle meilleure arme que la littérature elle-même ? Car, c’est en connaissance de cause que les philosophes et savants de tout bords exilent les poètes et condamnent les écrivains à l’inadéquation éternelle. Littérature et antilittérature se disputent les mêmes hommes. Alors, la seconde reproche à la première d’être toujours trop peu (trop peu démocratique, trop peu aristocratique), ne se refusant pas, au passage, de dessiner en creux de ses attaques féroces l’avenir de l’art littéraire. L’impuissance de la littérature en fait le bouc émissaire idéal, tellement parfait que si elle n’existait pas, l’antilittérature finirait par l’inventer !

C’est donc ce jeu de miroirs fascinant que William Marx dévoile avec érudition et fausse nonchalance. Mais que les détracteurs de la littérature se rassurent, si la littérature représente plus que jamais une “zone à défendre”, pour reprendre le titre du dernier essai d’Hélène Merlin-Kajman, elle résiste et trouve en Marx l’un de ses plus fervents et caustiques partisans.

William Marx, La Haine de la littérature, Minuit, octobre 2015, 224 pages, 19 euros.

visuel : couverture du livre et portrait © Hélène Bamberger

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Marianne Fougere

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