Fictions
“Je ne suis pas une héroïne”, Nicolas Fargues dans la peau d’une femme en quête d’amour

“Je ne suis pas une héroïne”, Nicolas Fargues dans la peau d’une femme en quête d’amour

27 December 2017 | PAR Yaël Hirsch

En résidence à Randell Cottage à Wellington, Nicolas Fargues n’a pas fait que sauter à l’élastique avec Iegor Gran (voir notre article). L’auteur de Rade Terminus,  Beau rôle, J’étais derrière toi, Le Roman de l’été, Tu verras La ligne de Courtoisie, et Au pays du P’tit s’est glissé dans la peau d’une trentenaire noire en quête d’amour. Un des livres les plus aboutis de l’auteur, juste sur des sujets aussi grace que l’amour et l’identité, avec en filigrane l’omniprésence des réseaux sociaux. 

[rating=5]

Géralde a dépassé la trentaine et enchaîne les CCDs et les hommes après une formation littéraire. Elle tient un blog assez imagé et n’ose se dire artiste mais “s’occupe” à côté de son travail sérieux et ennuyeux. Mature mais très très liée à sa mère, indépendante mais choisissant des hommes dont elle s’occupe de A à Z, lorsque son chemin croise un rouquin néo-zélandais à la courtoisie anglo-saxonne, elle prend son billet pour Wellington. Avant de vite déchanter en voyant ses soit-disant beaux-parents et le détachement nonchalant du soit-disant prince-charmant. Une crêpe bien française et une conférence à l’institut culturel de la mère patrie vont sauver son aventure avortée…

Parfaitement crédible lorsqu’il donne voix à une trentenaire qui tente de parler à ses compagnons comme à des adultes et à ses copines comme à des sauveuses, Nicolas Fargues est juste très impressionnant quand il évoque par sa bouche les aléas et les difficultés de la conditions noire pour une française adulte et libre de ses choix, dans un contexte international où la mondialisation cristallise certains clichés. Le père absent et aimé, la mère martyre et modèle, la beauté, le soin des cheveux et les moments de flottements face aux clichés ou aux agressions sont toujours très bien vus et résonnent avec d’autant plus de force qu’à côté de Toni Morrison, le panthéon littéraire du livre est plutôt du côté des Marguerite de Cochinchine coloniale ou de Russie avant la révolution : Duras et Yourcenar. Road trip magnifique dans l’île du Sud de Nouvelle Zélande et voyage intersidéral dans le désert des relations hommes-femmes du 21e siècle, quelques soient les racine set leur boutures, Je ne suis pas une héroïne laisse un rêveur et un peu amoureux de cette femme forte qu’est Gérade, capable de rêver l’amour avant de redevenir lucide… pour repartir…

Nicolas Fargues, Je ne suis pas une héroïne, POL, 272 p., 17 euros. Sortie le 4 janvier 2018.

visuel : couverture du livre.

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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