Fictions
Les rayons du soleil, des nouvelles hivernales de Nicolas Bouyssi

Les rayons du soleil, des nouvelles hivernales de Nicolas Bouyssi

09 June 2013 | PAR Yaël Hirsch

L’auteur de “Le gris” (2007) et de “S’autodétruire et les enfants” (2012), toujours fidèle à POL, adapte son talent de plume psychologique au genre incisif de la nouvelle. “Les rayons du soleil” est une suite de textes d’après le désastre, quand la mort a empli les voix dignes, et lucides encore, d’un grand froid. Beau et mélancolique.

Nicolas Boyssi- rayons-soleilDes individus mal logés, une série de narrateurs en présence de fantômes dont l’absence n’a presque plus assez de poids, un poète qui déambule dans l’espace public avec “je rêve” écrit sur son front, une étude sur un marché du 19ème arrondissement et des scientifiques aux prises avec l’inéluctable, sont autant d’éléments que Nicolas Bouyssi transmue en personnages.

Mais tout et tous sont des figures d’hommes qui dorment à la Perec, énonçant sans dénoncer une objectivité quasiment sans émotion et transmuant l’intime le plus nodal en banalité d’espace public. Les faits s’enchaînent, leur effet étrangement inquiétant provoquant suspense et tension. Mais au fond, tout parle depuis le lieu d’après la catastrophe, quand les braises et les envies ont refroidi jusqu’à la cendre. Cet “il n’y a plus d’après” n’empêche pas les divers portraits de la galerie de sourire avec une élégance pincée et de renseigner très justement, avec une infinie politesse, le lecteur d’une foule de détails utiles pour poursuivre sa lecture. Car le lecteur, lui, continue à surfer sur l’envie et le désir suscités par une langue absolument immaculée. Un bel ouvrage aux fragments littéraires puissants.

Nicolas Bouyssi, “Les rayons du soleil”, P.O.L., 176 p., 15 euros. Sortie le 6 juin 2013.

Un déménagement, c’est bien connu, est comme une mue. Je pars du principe que derrière moi se dissimule toute une humanité, et que derrière les frontières fermes de ma maison se cache un territoire. Je vois alors très bien l’enjeu de changer d’espace. Pas de mutation sans un esprit de conquête. Et si j’en venais carrément, pour en revenir à cette idée de cosmonaute, à la lâcher prise au point de quitter la Terre? ” p. 83.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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