Fictions
“Jacob, Jacob” de Valérie Zenatti : dans les pas d’un soldat juif de Constantine en 1944

“Jacob, Jacob” de Valérie Zenatti : dans les pas d’un soldat juif de Constantine en 1944

01 August 2014 | PAR Yaël Hirsch

L’auteure de Mensonges et de Une bouteille à la mer de Gaza quitte à nouveau son chapeau de “traductrice de Aharon Appelfeld” pour proposer une nouvelle fiction de son cru aux Editions de l’Olivier. Jacob, Jacob est un roman empreint d’histoire et de nostalgie et qui va faire parler de lui en cette rentrée littéraire 2014. 

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jacob jacob zenatti couvJuin 1944. Jacob est encore quasiment un adolescent quand il est enrôlé pour intégrer l’armée de Libération de la métropole. Il quitte alors le giron modeste et chaleureux de sa famille juive de Constantine. Pendant qu’il fait l’épreuve de la boue, du feu, de la peur et puis bientôt du froid de l’Est de la France, sa famille suit les nouvelles avec passion et appréhension à la radio…

Le départ d’un fils prodigue malgré lui est l’occasion pour Valérie Zenatti de décrire avec infiniment de finesse, de tendresse et de nostalgie, une famille juive modeste inscrite dans le cocon d’une Algérie relativement à l’abri des soubresauts du 20ème siècle et sur le point de basculer, elle aussi, parce que Jacob, c’est un peu Job. Une chronique émouvante d’un âge d’or mythique et d’un monde d’avant-hier regretté.

Valérie Zenatti, Jacob, Jacob, L’Olivier, 170 p., 16 euros. Sortie le 21 août 2014.

“Et ils continuent d’avancer. Jacob, volubile, parle avec Attali pour vaincre la terreur qui l’a saisi un peu plus tôt. le cadavre de Bonnin, c’est signe que la mort a réduit ses cercles autour d’eux, il faut aligner les phrases pour chasser cette image, cette pensée ne laisser aucun interstice entre les mots, la panique a le pouvoir de s’infiltrer dans la moindre fissure. Ils reprennent leur conversation favorite, on les a bien eus, on y est presque, qu’est-ce que tu feras après, quand on rentrera chez nous, j’embrasserai ma mère, j’irai me baigner dans le Rhumel et puis j’irai boire une anisette place de la Brèche servie avec une magnifique kémia, je mangerai tous les plats de chez nous, tous les plats des fêtes qu’on a ratés, c’était Rosh Hashana il y a un mois, et Kippour et Shavouot, ils ont dû se régaler là-bas, ma mère pour Shavouot, elle fait du riz avec des boulettes, des petits pois et des artichauts, j’en prends toujours deux assiettes, c’est la tradition, dit Jacob, moi aussi je mangerai pendant des jours et des nuits, j’irai aux bains maures, je demanderai ma cousine Hannah en mariage dit Attali, et toi, tu sais déjà avec qui tu te marieras? ” pp. 95-96

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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