Fictions
« Fendre l’armure » d’Anna Gavalda : préparez vos mouchoirs

« Fendre l’armure » d’Anna Gavalda : préparez vos mouchoirs

20 July 2017 | PAR Julien Coquet

Confondant de bons sentiments, le dernier livre d’Anna Gavalda propose des nouvelles mièvres saupoudrées d’un « « style » » très particulier.

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Lorsque le service presse d’une maison d’édition nous envoie ses nouvelles parutions, le courrier est souvent agrémenté d’un mot de présentation de l’ouvrage signé tantôt par l’éditeur, tantôt par l’auteur. Dès la réception du colis, Anna Gavalda se démarque : « C’est prétentieux de parler de ses propres personnages en avouant qu’ils vous ont émue mais je vous le répète : pour moi ce ne sont pas des personnages, ce sont des gens, de réelles gens, de nouvelles gens et c’est eux que je vous confie aujourd’hui ».

Bien, bien, bien. Alors qui rencontre-t-on dans ce recueil de nouvelles ? Eh bien des gens, pardi ! Des petites gens bien sûr, parce que c’est plus triste. Ludmila, dès la première nouvelle, travaille dans une animalerie. Reléguée dans la banlieue parisienne, elle connaît difficilement Paris mais c’est heureusement une énorme chance de rencontrer Arsène en soirée, Arsène le poète, qui drague et qui abandonnera le petite Ludmila au matin (« j’avais très envie de pleurer »). On croise aussi, installées derrière le Panthéon, une jeune veuve avec ses deux enfants et une fille amoureuse d’un homme marié rencontrée dans un bar (« je t’ai repérée parce que tu étais belle ») qui partagent leur problème autour d’une bouteille (eh oui, l’une est alcoolique, bien sûr, la vie c’est pas simple).

Mais Anna Gavalda s’essaye aussi au twist final à la M. Night Shyamalan. Dans la nouvelle Happy Meal, un homme est amoureux : « cette fille, je l’aime ». C’est beau l’amour, et ça donne des ailes : alors que Monsieur préférerait aller au restaurant étoilé, celle-ci choisit le McDo. En fait, patatra, (SPOILER), cette demoiselle est en fait la fille du narrateur qui « n’a pas six ans ». Sauf que la gamine s’exprime comme une adulte : « tu préfères t’asseoir tout au fond, j’imagine ? » ou, parlant de ses chaussures, « ne me dis pas que tu ne les avais jamais remarquées, je les ai depuis Noël ! ».

A cette mièvrerie ambiante (de laquelle nous sauvons Mon chien va mourir) s’ajoute une conception de la langue française surprenante. Chez Gavalda, on écrit comme on parle, et comme on parle mal… Petit florilège : « se faire baguer le nœud loin de bobonne », « il en prenait plein la gueule », « Fissure, faille, brèche, lézarde ou tout ce que vous voudrez, mais le cœur à cet instant se fragilise à jamais », « elle lisait de la daube »… Enfin, le coup de grâce, dans la dernière nouvelle : « J’étais là, j’étais là bourré, j’étais labouré ». Inutile de dire que nous ne sommes pas arrivés jusqu’au bout.

Fendre l’armure, Anna Gavalda, Editions Le Dilettante, 288 pages, 17 euros

Date de parution : 17 mai 2017

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