Fictions
“David Bowie n’est pas mort”, roman tout en intimité de Sonia David

“David Bowie n’est pas mort”, roman tout en intimité de Sonia David

24 August 2017 | PAR Marine Stisi

Sonia David publie, dans le cadre de la rentrée littéraire, son deuxième roman aux Editions Robert Laffont, David Bowie n’est pas mort. La journaliste et écrivain offre ici un livre qui ne s’encombre pas des convenances et qui va droit au but et au cœur. Une véritable réussite sans prétention mais très sincère inspirée par la mort d’une des plus grandes icônes pop.

“Au commencement, au temps de notre petite enfance, nous étions ses cobayes de prédilection qu’elle entraînait avec elle. Pour nous, maman tricotait des pulls, inventait des robes, fabriquait des maisons de poupée, des animaux en paille. Pour nous, elle passait en boucle les pièces pour piano de Schubert par Alfred Brendel. Elle consolait des mauvaises notes, et, plus tard, lorsque nous sommes passées à l’adolescence, acceptait naturellement nos premières nuits d’amour dans nos chambres respectives. Elle comprenait.”

“On ne choisit pas sa famille…”

Sommes-nous obligés d’aimer notre famille ? Remettre en question l’évidente obligation de cet amour, de cet attachement, fait-il de nous des êtres sans cœur ? Hélène est la deuxième d’une fratrie de quatre filles. Anne, Hélène et Emilie, puis Juliette, fille que leur père aura sur le tard avec la jeune fille au pair norvégienne de ses premiers enfants. Hélène est aussi et surtout la fille de ses parents. Une fille qui raconte comment, sans prévenir (ou alors, n’a-t-elle pas suffisamment écouter les préventions), sa mère, puis son père, vont mourir. Deux pilliers, très différents, qui en rien de temps, n’existent plus. Envolées, les obligations. Envolées, les conventions. Mais sait-elle vraiment vivre sans ?

La mort des parents n’est rien d’autre que l’ordre naturel des choses. Pourtant, c’est aussi le bouleversement de la normalité de la vie. Une mère extravagante plus jalousée que véritablement détestée, ne peut jamais mourir, même si parfois, on l’a souhaité. Un père maladroit et mystérieux, érudit, non plus. Et pourtant. Ils partent, laissant derrière eux des livres, des photos, des briques de jus d’orange et quelques dettes. Et des souvenirs, bien sûr. Surtout, des souvenirs.

Et entre les deux, c’est David Bowie, symbole d’une époque, celle de sa jeunesse et idole et échappatoire de sa soeur ainée, qui s’en va. By bye Ziggy Stardust. Pour Hélène, c’est un coup en plus car Ziggy, c’est ce qui la rattache à sa grande sœur, la très froide et très distante Anne. Son petit coup de gueule à elle, sa maigre façon de dire merde.

Sonia David, dans ce deuxième roman, traite avec une lucidité frappante et énormément de sincérité, la réalité du deuil et des ressentiments familiaux. Elle évoque sans gêne les questionnements et les doutes, les coups de gueule et la jalousie. David Bowie n’est pas mort est un livre qui se lit avec frénésie, presque d’une traite, et qui émeut tendrement sans discontinué.

Sonia David, David Bowie n’est pas mort, Editions Robert Laffont, 180 pages, 17€.

Date de parution : 24 août 2017

Visuel : © DR

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Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

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