Fictions
Secte, drogue et rock’n’roll : « The Girls »

Secte, drogue et rock’n’roll : « The Girls »

12 August 2016 | PAR La Rédaction

Dans une Californie où elle s’ennuie, une adolescente de 14 ans s’intéresse de plus en plus aux membres d’une secte. Emma Cline, qui signe son premier roman, interroge aussi bien le monde des sectes que le passage de l’enfance au monde adulte. Brillant.

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Ce qui est étrange, tout d’abord, dans ce roman, est le titre en anglais : The Girls. Alors qu’une grande partie des titres de films ne sont pas ou plus traduits, le milieu littéraire résiste à cette mode. Les éditions La Table Ronde/Quai Voltaire ont décidé de garder le titre original pour une simple et bonne raison : ce roman est définitivement américain. En Californie, Evie, 14 ans, tourne en rond durant ses vacances d’été. Ses parents sont divorcés, sa meilleure amie ne se révèle finalement pas si intéressante. Alors qu’elle se trouve au parc de sa petite ville, elle remarque Suzanne, meneuse d’un groupe de filles. De plus en plus attirée par cette jeune femme, la jeune Evie va se détacher de son monde pour se rapprocher d’un nouveau mode de vie : celui d’une secte dirigée par Russell, leader charismatique.

Le roman ne se concentre pas tant sur la description du fonctionnement d’une secte qui emprunte beaucoup à la Famille de Charles Manson. Emma Cline parle surtout des questionnements d’une adolescente sur la place qu’elle tente d’occuper dans le monde. La description de l’amitié, des premiers désirs et du passage à l’âge adulte prouve l’acuité du regard de l’auteur. Alternant les réflexions de l’Evie adulte et le récit de l’été meurtrier, l’auteur, grâce à de petits détails significatifs, dévoile un puissant style poétique.

Notons-le, Emma Cline n’a que 27 ans, et The Girls est son premier roman. Les droits de son livre se sont d’ailleurs vendus aux Etats-Unis pour deux millions de dollars ! La critique américaine conquise, l’écrivain Richard Ford a même écrit : « The Girls est un roman brillant, intense et dévorant – magistral, non pas pour une auteur si jeune, mais pour n’importe quel auteur, de tout temps ». Nous ne pouvons aller que dans son sens…

« Ce qui m’importait, en ce temps-là, c’était d’attirer l’attention. Je m’habillais de façon à provoquer l’amour, je tirais sur mon décolleté ; chaque fois que je sortais en public, je plaquais sur mon visage un air songeur qui suggérait d’innombrables pensées profondes et prometteuses, au cas où quelqu’un regarderait dans ma direction. »

Emma Cline, The Girls, Traduction de l’anglais : Jean Esch, Editions La Table Ronde, 336 pages, 21€. Date de parution : 25 août 2016
visuel : couverture du livre

Julien Coquet.

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