Ninon de Lenclos, courtisane de légende

Professeur d’histoire moderne à l’université de Tours, Michel Vergé Franceschi publie une biographie de Ninon de Lenclos.

[rating=4]

COURTISANE DE LÉGENDE
Courtisane de légende comme sa chère amie Marion de Lorme, Ninon de Lenclos (1623 1705) traverse tout le siècle de louis XIV et meurt octogénaire encore adulée par les amants qui ont fait sa réputation de Richelieu au Grand Condé, du duc de la Rochefoucauld aux marquis de Sévigné père et fils en passant par une foule de maréchaux.
Fille unique d’un gentilhomme tourangeau athée et libertin devenu assassin, orpheline à vingt ans d’une mère dénuée de morale, elle fait vite le choix de compter sur des galants et les range avec humour en trois catégories : les payeurs qui l’entretiennent, les martyrs, ses soupirants sans espoir et les caprices de ses amants de cœur comme le marquis de Villarceaux qu’elle partage avec Madame de Maintenon.
Mais sa liberté de mœurs et de langage dérange le parti tout puissant des dévots.
Enfermée pour un an au couvent par la reine, elle en sort pour transformer son hôtel particulier
du 36 rue des Tournelles en salon CINQ à NEUF du marais réunissant le tout Paris littéraire , artistique, scientifique( Charles Perrault , Molière , voltaire , Lully , Huygens ), ainsi que les grands
Seigneurs de la cour.

UNE FEMME AFFRANCHIE DE TOUTE CONVENTION SOCIALE ET RELIGIEUSE
Pour autant Ninon, remarquable musicienne qui excelle au luth n’est pas cette femme de lettres dépeinte traditionnellement.
C’est surtout une femme affranchie de toute convention sociale et religieuse, indépendante financièrement, qui ne vécut que pour le plaisir y compris homosexuel et ne se maria point.
Un portrait d’une femme épicurienne unique en son temps, d’un esprit rebelle, digne d’un roman de cape et d’épée.

« L’abstinence des plaisirs me paraît un grand plaisir » François Bernier, cela résume parfaitement Ninon de Lenclos.
Dans le même ordre d’idée, saint Simon la résume ainsi » Melle de Lenclos fut un exemple nouveau du triomphe du vice conduit avec esprit et réparé de quelque vertu ».
A sa mort, elle devient un mythe car sa vie a inspiré des romans, des films, des œuvres musicales.
Même Voltaire l’évoque dans le temple du gout.

Michel Vergé Franceschi, Ninon de Lenclos, éditions Payot Rivage, février 2014, 341 pages, 25 euros.

visuel : couverture du livre