Essais
“L’exil dans l’exil”, essais sur les intellectuels juifs et la langue au 20ème siècle, par Sylvie Courtine-Denamy

“L’exil dans l’exil”, essais sur les intellectuels juifs et la langue au 20ème siècle, par Sylvie Courtine-Denamy

25 February 2014 | PAR Yaël Hirsch

La philosophe et traductrice de Arendt et Voegelin livre chez Hermann une autre collection d’essais qui interroge le rapport des intellectuels juifs exilés à la langue, qu’elle soit allemande ou hébraïque. Sortie le 20 février 2014. 

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l-exil-dans-l-exil. courtine denamyjpgSpécialiste de Hannah Arendt, Sylvie Coutine-Denamy ouvre cette nouvelle collection d’essais sur la figure singulière du premier mari de cette dernière, Günther Anders, penseur de la question nucléaire et qui ne s’est cependant jamais senti chez lui dans la langue américaine. Le livre anime également les figures du poète roumain Paul Celan, du résistant et essayiste Jean Améry, de l’écrivain Elias Cannetti, de Franz Kafka, de l’auteur bilingue français allemande George-Arthur Goldschmidt et de l’écrivain israélien Aharon Appelfeld.

L’auteure explique quel rapport complexe chacun de ces intellectuels juifs ont eu à la langue allemande après la Shoah et à l’Hébreu. certains comme Cannetti ou Goldschmidt l’ont choisie sciemment comme mode d’expression. D’autres, tels Améry ou Arendt n’ont pas pu faire autrement que de la conserver, car selon le mot de cette dernière dans le fameux entretien avec Günther Gauss, tout ce qui reste est la langue.

En ce sens, même si son dernier essai “Quand les mots reviennent de l’exil”, suit la trilogie de Nurtith Aviv dans son interrogation sur les bruissements existant sous la langue hébraïque, Sylvie Courtine-Denamy se maintient dans le sillage infiniment nostalgique de l’exil juif-allemande et dans le regret d’un âge d’or de la culture judéo-allemande. Qu’elle termine le livre là où elle l’a commencé et donc “autrement” par la figure de Günther Anders est assez caractéristique de cet ancrage.

Ces racines paradoxalement perdues et conservées qui ne peuvent qu’émouvoir le lecteur. On admire également la maîtrise de la langue allemande de cette grande traductrice qui utilise à la fois la grammaire et l’émotion pour amener vers le grand public ce monde perdu. On regrette seulement que les essais soient une suite de monographies qu’on aurait aimé voir un peu plus conceptualisées et mises en perspective.

Sylvie Courtine-Denamy, L’exil dans l’exil, Les langues de l’ailleurs, l’ailleurs des langues, Hermann, collection “Le Bel aujourd’hui”, 254 p., 24 euros. Sortie le 20 février 2014.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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