Essais
« Brésil, terre d’amitié » de Georges Bernanos : Journal d’un exilé à la campagne

« Brésil, terre d’amitié » de Georges Bernanos : Journal d’un exilé à la campagne

13 July 2017 | PAR Julien Coquet

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur de Dialogue des Carmélites décide de s’exiler au Brésil, désespéré par le choix de la France lors de la signature du traité de Munich.

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On peut remercier les éditions de La Table Ronde d’avoir eu la bonne idée de monter une anthologie des textes que Georges Bernanos a écrit lors de son exil au Brésil. D’août 1938 à juin 1945, Bernanos a vécu en Amérique latine avec sa femme et ses six enfants, de Rio de Janeiro à Barbacena en passant par Itaipava ou encore Vassouras. Sébastien Lapaque, qui a choisi, établi, préfacé et annoté les textes réunis a concocté un choix qui ravivera les amoureux de la plume de Bernanos.

Du début de l’exil (« Car le Brésil, l’immense Brésil, a été pour moi, dès le premier jour, la terre de l’espérance, un des lieux du monde où l’on espère le mieux, où l’espérance n’est plus, comme en Europe, un acte volontaire et méritoire, mais l’exercice d’une faculté naturelle et comme la respiration même de l’âme ») à sa fin (« Chers amis brésilients, j’ai déjà essayé de dire adieu à la jeunesse de votre pays, j’aurais voulu vous dire adieu à tous, mais je ne me sens ni l’inspiration ni le courage d’écrire pour vous rien qui ressemble à un véritable adieu »), ce sont des textes extraits de la correspondance, de la Lettre aux Anglais, du Chemin de la Croix-des-Âmes, etc. qui se succèdent.

Le propos de l’auteur de Sous le soleil de Satan mérite de s’y attarder, tant la langue est travaillée, remaniée et recule devant la facilitée. Il ne faut pas chercher dans ce livre des clefs de l’œuvre de Bernanos mais plutôt une vision du monde façonnée par un quotidien monotone, rythmé par les prières et les séances d’écriture à la table d’un café. Brésil, terre d’amitié est un véritable livre sur l’exil : les raisons du départ de France sont expliquées, les doutes tenaillent le catholique, la lassitude l’emporte parfois (« Nous avons encore changé de maison. J’ai eu un moment de découragement, ces temps-ci. Je me disais que ce serait toujours la même chose »). Mais Bernanos tient bon et ce qui le fait tenir, c’est l’amour inconditionnel qu’il porte pour le Brésil, pour la l’amitié et la fidélité des Brésiliens. La beauté des paysages et la richesse intellectuelle du pays le ravissent et c’est un homme nouveau qui quitte à regret cette « terre d’amitié » le 2 juin 1945.

Georges Bernanos, Brésil, terre d’amitié, Anthologie établie, préfacée et annotée par Sébastien Lapaque, Editions de La Table Ronde, 178 pages, 8,70 euros

Illustration de couverture : Loustal

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Julien Coquet

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