Essais
Bernard pivot publie ses tweets

Bernard pivot publie ses tweets

29 April 2013 | PAR Yaël Hirsch

Avec plus de 115 000 abonnés sur son fil twitter, l’émninent membre de l’académie Goncourt et ancien présentateur-phare d'”Apostrophe” et “Bouillon de culture” se renouvelle via ses aphorismes postés une quinzaine de fois pas jour sur le réseau social. Albin Michel publie en best off thématique de ces tweets, où la banalité du quotidien l’emporte sur la flamboyance de la littérature…

les tweets sont des chats bernard pivot“J’aime les tweets parce qu’ils partent en silence, circulent en silence et arrivent en silence. Les tweets sont des chats”. Une image qui ouvre un livre d’aphorismes de moins de 140 signes organisés par thématiques où le hashtag est à l’honneur. Bernard Pivot a compris comment fonctionne twitter, y est productif et répond avec générosité à ses fans. Mais si l’éloge de la concision de l’introduction fonctionne, la reproduction sur papier des aphorismes bonhommes de cet amoureux du français prend un tour si banal qu’on regrette presque les photos de familles et les “je me suis fait cuire des pâtes” du facebook notre cousine Germaine…

En effet, sous couvert de jeux de mots, écrit noir sur blanc, l’esprit bon enfant des tweets de Bernard Pivot déborde largement sur le niais : “J’ai cru pendant longtemps que c’était le même verbe qui permettait d’épeler les mots et les pommes de terre” (p. 23) ou “Il allait être ému par ses larmes quand il aperçut son sac en crocodile” (p. 77). Heureusement, Pivot cite parfois de grands auteurs, mais 140 signes c’est quand même bien court pour s’amouracher d’un style. N’est pas La Rochefoucauld qui veut, la morale coupée court donne souvent une sauce indigeste, qu’on retrouve déjà trop souvent en guise de formule gagnante dans les textes de nos jeunes auteurs français. On aurait aimé ne pas voir cette batterie de lieux communs, autrement que sur le mode badin et quasi oral du digital, chez celui que tous considèrent avec raison comme le gardien des beautés de la langue française.

Bernard Pivot, “Les tweets sont des chats”, Albin Michel, 165 p., 12 euros. Sortie le 2 mai 2013.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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