Antithèses : Charles Coustille sort l’exercice de son académisme
Enseignant de lettres a NYU et dans le secondaire, Charles Coustille interroge l’exercice académique de la thèse à travers celles qu’on produit des grands écrivains du 20e siècle. De Mallarmé à Barthes, l’anticonformisme réévalue la norme…
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Il y a mille raisons de faire une thèse, mille écueils et pour les francs tireurs de la littérature également mille manière de jouer avec les académismes et les règles établies. Par une série du monographies, en rappelant aussi quelques données sociologiques sur les doctorants et les évolutions, Charles Coustille montre que l’exercice est plus original qu’il n’y parait. Et il nous convainc aussi qu’une thèse est une matrice, où l’on trouve beaucoup d’un auteur même pour un « grand écrivain » (pas besoin de dire “écrivaine”, il y a très peu de femmes dans ce Panthéon!) .
De la thèse de linguistique, commencée comme un pansement par Mallarmé à l’idiorrythmie de Barthes, en passant par les coups de sang de Peguy contre l’institution, c’est l’originalité et la créativité de l’individu qui sont le Graal de cet exercice qui vient couronner la recherche. La critique est la, percutante, de la thèse « insoutenable » de Peguy, du travail aussi sympathique qu’approximatif de Céline sur Semmelweiss, de la “thèse-maladie” de Paulhan. Et c’est Barthes qui se fait le porte-parole de la thèse de ce livre sur la thèse : « Rien de plus sur, pour tuer une recherche et lui faire rejoindre le grand déchet des travaux abandonnés, rien de plus sur que la la méthode » (p.206).
Le livre porte donc une thèse qui renouvelle l’idée de la thèse, avec en bonus l’éclairage que le travail Académique ficelé ou inachevé donne des auteurs et de leurs œuvres.
Charles Coustille, Antithèses, Mallarmé, Peguy, Paulhan, Céline, Barthes, nrf, Gallimard, 24 euros, 320p., sortie le 8 mars 2018
Visuel : couverture du livre