Livres

Eric-Emmanuel Schmitt planche sur Beethoven

23 September 2010 | PAR Yaël Hirsch

“Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent” est le titre du dernier opus de l’auteur de Ulysse from Bagdad, et de Odette Tout le Monde. C’est aussi une phrase de sa prof de piano qui a marqué à vie Eric-Emmanuel Schmitt. Le livre est un essai écrit à la première personne un peu décevant, même avec le CD qui devrait nous permettre de joindre l’écoute à l’analyse. Mais il est accompagné d’une jolie nouvelle “Kiki van Beethoven”, que les fans apprécieront et qui rehausse encore le blason de ce dramaturge des complexités des gens tout simples.

“Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent” veut montrer la force du compositeur allemand, à partir des impressions qu’il a laissées à Eric-Emmanuel Schmitt tout au long de sa vie. Direct, simple et parfois simpliste, l’analyse est bourrée de grandes phrases exclamatives au mode du superlatif admiratif. La petite histoire dont il découle est néanmoins touchante, puisque le titre provient d’une confidence faite par sa prof de piano ulcérée au jeune auteur, alors qu’elle se désespérait de ne pas reconnaître à son jeune élève plus de talent. Madame Vo Than Loc ( c’est le nom exotique de la pianiste ratée) a bien raison : l’humanité manque de génies, et Schmitt voudrait nous faire croire – en prenant le contre-pied de la célèbre phrase de Valéry- qu’une grande œuvre peut se nourrir des bons sentiments que ces génies inspirent. Qu’on puisse faire de la bonne littérature avec de bons sentiments, Schmitt l’a assez prouvé à travers son oeuvre pour avoir à mettre ainsi les points sur les i. Et l’essai achoppe car ce qu’il nous décrit n’est pas simplement une série de bons sentiments, mes ses propres sentiments un peu nombrilismes qui se gargarisent de génie. Dès qu’il s’éloigne de son propre cas par l’écriture, Schmitt redevient l’écrivain que ses fans aiment, et il prouve mille fois mieux dans la nouvelle qui suit, “Kiki de Montparnasse”, que dans son essai  biscornu, que Beethoven peut réconcilier l’humanité avec la grande civilistaion, même après un 20ème siècle barbare.

Eric-Emmanuel Schmitt, “Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...”, Albin Michel, 185 p., 22.90 euros, sortie le +En bonus la nouvelle “Kiki van Beethoven” + l’excellent CD de Beethoven dirigé et interprété par les plus grands.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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