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“Compagnie K” de William March,  le triomphe de la stupidité sur tout autre chose …

“Compagnie K” de William March, le triomphe de la stupidité sur tout autre chose …

04 November 2015 | PAR Le Barbu

« On reconnaît toujours un ancien champ de bataille où beaucoup d’hommes ont perdu la vie. Le printemps suivant, l’herbe sort plus verte et plus luxuriante que dans la campagne alentour ; les coquelicots sont plus rouges, les bleuets plus bleus. […] Le sang des hommes tués au combat et les corps enterrés sur place fertilisent le sol et favorisent la croissance de la végétation. C’est parfaitement naturel […] Mais je n’arrivais pas à approuver cette explication trop simple : il m’a toujours semblé que Dieu était tellement écœuré par les hommes et par leur cruauté sans fin envers les autres, qu’il recouvrait les endroits où ils ont été aussi vite que possible. »

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[rating=5]

C’est sous le pseudonyme de William March que William Edward Campell publie en 1933 Compagnie K, roman qu’il mettra dix ans à écrire. Engagé en 1917 dans l’US Marine Corps, William March combat en France pendant la première guerre mondiale d’où il revient décoré. Il ne portera jamais ses décorations et ses médailles, et refusera de remplir les formulaires nécessaires pour recevoir la très prestigieuse Médaille d’Honneur du Congrès, la plus haute distinction militaire aux États-Unis.

Compagnie K est un ouvrage largement autobiographique, brut, dur, émouvant, et surprenant. Les soldats qui habitent ces pages sont attachants. Les chapitres sont courts et sont de brèves tranches de vies, presque des nouvelles. On se dit qu’on va lire quelques unes de ces histoires, rentrer dans ce livre de façon nonchalante, un petit peu chaque jour histoire de ne pas trop noircir notre moral. Et puis on se rend vite compte qu’il est presque trois heures du matin et qu’on vient de finir le roman.

Compagnie K n’est pas un roman sur la Première guerre mondiale, n’est pas une succession de lettres de poilus. Au delà de l’unité de temps et de lieu, ce roman fait écho à toutes les guerres, tous les soldats, toutes les vies brisées, toutes les souffrances. L’insouciante conviction de se battre pour un idéal de paix, de mener une guerre juste protégée par Dieu, est vite balayée par l’injustice et l’horreur la plus totale où l’homme n’existe plus. L’absurdité se mêle au sang et aux larmes. Dans Compagnie K l’héroïsme laisse place au rejet, et la guerre n’est finalement qu’une plaie béante qui ne cicatrise jamais…

Compagnie K de William March aux Éditions Gallmeister, collection Totem, sortie prévue le 5 novembre 2015, 264 pages, 9.90 euros.

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Le Barbu
Le Barbu voit le jour à Avignon. Après une formation d'historien-épigraphiste il devient professeur d'histoire-géogaphie. Parallèlement il professionnalise sa passion pour la musique. Il est dj-producteur-organisateur et résident permanent du Batofar et de l'Alimentation Générale. Issu de la culture "Block Party Afro Américaine", Le Barbu, sous le pseudo de Mosca Verde, a retourné les dancefloors de nombreuses salles parisiennes, ainsi qu'en France et en Europe. Il est un des spécialistes français du Moombahton et de Globalbass. Actuellement il travaille sur un projet rock-folk avec sa compagne, et poursuit quelques travaux d'écriture. Il a rejoint la rédaction de TLC à l'automne 2012 en tant que chroniqueur musique-société-littérature.

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