Rover + Bel Plaine

Rover + Bel Plaine

11 December 2015 | PAR Le Ny-Magali

Il a d’abord connu la vie de musicien au Liban où, parti rejoindre son frère au milieu des années 2000, il monte avec lui un groupe de punk rock. L’aventure s’arrête brusquement lorsqu’en 2008, son visa arrive à expiration. De retour en France, le choc est brutal mais ce sera aussi le point de départ salvateur d’une nouvelle vie artistique : celle du projet Rover, un nom qui fait référence à l’errance et à la vadrouille. Après un premier album très remarqué – la grande singularité de Rover a tant touché que l’adhésion du public a été immédiate et immense – il revient enfin avec un nouvel opus très attendu. Rover c’est un géant romantique, un oxymore à lui tout seul, une imposante allure de colosse abritant une écriture délicate, fine, celle d’un esprit libre et sincère. Sa voix sibylline et acrobate, tantôt aérienne et céleste, tantôt éraillée et rocailleuse donne vie et profondeur à un rock aux accents mélancoliques et lumineux. Sa musique fait rêver de road trip, donne des envies de voyages et de routes interminables, invite à claquer la porte du quotidien pour s’évader et vagabonder hors du temps et des contingences.
Quand il évoque “Let It Glow”, son deuxième disque, gorgé de chansons cristallines ou rocailleuses, il parle de nouveau chapitre, il reconnaît que cette fois-ci, il a plutôt laissé faire. Il n’a rien forcé. Rover écrit la nuit, souvent.
Pendant neuf mois, tout seul, avec une boîte à rythmes, sa voix, un vieux piano, un CP-70, déniché sur la toile et qu’il est parti récupérer en voiture, en Allemagne, road trip salutaire (“une merveille, un objet très inspirant, dès qu’on le voit, on a envie de s’y mettre”), un enregistreur quatre pistes et toutes ses ombres qui valsent autour de lui. Il se découvre ainsi, il se surprend, remonte les époques, même celles qu’il n’a pas vécues, surtout celles qui n’ont jamais existé et avance.
“Let It Glow” est un disque non pas de son époque mais pour son époque. Rover allume une torche qu’il tend ensuite vers les cieux. C’est Bowie, Lennon et tous ceux qu’on voudra bien retrouver. Rover n’est pas un usurpateur. Et mérite mieux que des étiquettes paresseuses de toute façon. Et sa musique, très vite, écrase les facilités. Est-elle pop, est-elle rock? On ne sait pas et à vrai dire, on s’en moque.

En première partie, Bel Plaine : un patronyme synonyme de grands espaces et de promesses infinies, une ballade lumineuse ou spectrale, leur quête s’envisage déjà comme une odyssée. Contemplatif, pastoral, limpide, brillant : les termes ne manquent pas pour définir un répertoire vaste et immense, à la topographie changeante et aux humeurs variable

Christophe Willem
Apollo Orchestra
Le Ny-Magali
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