Cinema
Waste land, dans la richesse des décharges de Vik Muniz

Waste land, dans la richesse des décharges de Vik Muniz

25 April 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Au mois de juin sort le très beau documentaire réalisé par Lucy Walker en 2011, Waste Land, qui pendant trois ans, a suivi l’artiste Vik Muniz de Brooklyn, où il vit, à Jardim Gramacho en banlieue de Rio de Janeiro, dans la plus vaste décharge du monde. L’idée de faire de l’art total avec de la puanteur et de transformer le tout en chef-d’œuvre, opère et donne au documentaire un gout d’absolu nécessite.

Vik Muniz est né au Brésil et il aurait pu devenir l’un de ces “trieurs”, si il n’avait pas, lors d’une rixe, pris une balle par erreur. Le tireur acheta son silence avec assez d’argent pour que l’artiste puisse s’envoler aux USA. Reconnu pour ses peintures faites avec de la nourriture, des pierres ou encore des diamants, il est exposé dans les hauts lieux culturels à travers le monde, il est pris d’un besoin, celui de changer la vie des gens en utilisant le matériel de leur quotidien. Il cherche alors un endroit riche et pauvre en même temps.

Dans cette démarche qui mêle l’art au social, Vik Muniz rencontre ces travailleurs considérés aux même comme des déchets. Et pourtant, ils bossent honteusement, les filles répètent “c’est mieux que de se prostituer”. Muniz s’attend à rencontrer la misère, il trouve des personnalités qui veulent s’en sortir. Les symboles se font lourds, dans la plus grande décharge du monde, toutes les poubelles se mélangent, celles des riches et des pauvres, celles des fêtes et celles des deuils. Les personnages deviennent plus que des sujets, ils deviennent des amis. On les voit s’investir totalement dans la création.

Muniz les fait poser au cœur de la décharge, un Marat, une pietà, une vierges à l’enfant… Les actes sont douleurs. Peu à peu la camera sort des ordures pour nous emmener dans les favelas puis dans l’atelier-hangar où les photos sont prise à partir d’installations monumentales.

On entre ainsi dans la vie d’une ville dans la ville, où une cuisinière fait des repas, où les peines d’un vol côtoient les joies d’un amour. Si dans un premier temps, les habitants semblent heureux de leur condition, l’art intervient comme un révélateur, les œuvres se vendent 50.000 $ et permettent un changement radical de situation.

Dans le cadre de ce projet artistique, l’artiste va photographier les Catadores (les ramasseurs de déchets recyclables) dans des mises en scène composées à partir d’objets et matériaux rescapés de poubelles.

Produit par Fernando Meirelles et rythmé par les mélodies de Moby, le film de Lucy Walker propose une réflexion sur la responsabilité de l’artiste envers son environnement et sur l’idée utopique qu’une œuvre peut parfois changer une vie. Il opère directement sur nos émotions sans tomber dans le mélo. Lauréat de nombreux prix, Waste land est un documentaire indispensable.

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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