Cinema
“Visages Villages” : le questionnement par l’image

“Visages Villages” : le questionnement par l’image

13 June 2017 | PAR Eloise Sibony

“Visages Villages” est un documentaire d’Agnès Varda et JR présenté au Festival de Cannes hors compétition mais qui a cependant remporté un prix : celui de de l’œil d’or du meilleur documentaire à Cannes. 

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On ne présente plus Agnès Varda, photographe, réalisatrice de cinéma et plasticienne, elle est une figure du cinéma Français et de la période de la nouvelle vague où elle fréquentait les cinéastes les plus en vogue et était mariée à l’un d’entre eux : Jacques Demy. JR, est aussi un artiste, photographe qui à sa manière détourne les images en les placardant sur les murs du monde entier. A deux, JR et Agnès Varda sillonnent les routes de France, regardent les gens, les prennent en photo, se regardent et se prennent en photo.

Dans ce documentaire, les deux artistes nous emmènent, grâce à la camionnette studio de JR, à la rencontre d’habitants de plusieurs villages Français sur la musique de Mathieu Chedid. Au fil des rencontres, JR et Varda renforcent leur lien d’amitié et se jouent de leurs différences, leurs âge, leurs physiques et de leurs déguisements : des lunettes noires pour l’un et une coupe de cheveux bicolore pour l’autre. Le hasard des rencontres est bien fait, entre fils et petits fils d’ancien soldats français, facteurs, employés d’industrie, agriculteurs, certains témoignages sont bouleversants comme celui de Jeannine originaire du Pas-De-Calais qui explique qu’elle est la dernière de sa rue et ne peut pas la quitter tellement celle-ci est remplie de souvenirs. JR et Agnès Varda lui font alors un cadeau et collent sur la façade de sa maison un immense portrait d’elle. Une attention qui touchera Jeannine aux larmes et mouille les yeux du spectateur. Jeannine n’est qu’un exemple de ces personnes rencontrées dans ce documentaire puisqu’ils sont des dizaines à venir ajouter une réflexion et un sens à ce film.

Cependant, si le documentaire nous raconte ces gens, nous sommes aussi témoins de l’amitié grandissante des deux photographes, qui par le soulèvement de questions existentielles se rapprochent et s’adorent sous les yeux de la caméra. Cet auto-documentaire traite de plusieurs sujets comme de l’oubli, la vieillesse, la mort, les rencontres. Varda confie qu’elle est en train de perdre la vue et profite de ce tour de France d’une façon si intense qu’on devine que peut être c’est la dernière fois qu’elle verra clairement. Si l’idée du documentaire n’était pas de filmer Agnès Varda, elle en est certainement le personnage le plus bouleversant. Attachante par sa sincérité, sa bienveillance et sa mélancolie, JR la console par moment et lui offre un cadeau final qui n’a pas de prix : ses yeux.

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Eloise Sibony

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