Cinema

Sortie Ciné : Quatre nuits avec Anna

07 November 2008 | PAR loic

N’hésitez pas, passez-les ces quelques heures dans le noir en compagnie d’Anna… Où le temps est véritablement scellé de main de maître par Jerzy Skolimowski. Entre burlesque et tendresse, ce film ravit. A quand une cinquième nuit avec Anna?

Jerzy Skolimowski est plus connu pour ses performances d’acteur, notamment pour le dernier très bon Les promesses de l’ombre de David Cronenberg, ou encore dans Mars Attacks !, mais il n’est pas suffisamment connu pour son travail de réalisateur. Certes, son oeuvre n’est pas tapageuse pour un sou, mais au contraire visuellement très singulière, tout en nuance, en sobriété éclatante. Paradoxe? Pas nécessairement. Des films comme Deep end mériteraient vraiment d’être mieux connus du public ; cette histoire d’amour impossible entre un adolescent et une jeune femme au fond d’une piscine municipale (…!) est, en tous points, marquante. Au centre de ces histoires : la solitude des êtres face à des personnes et un monde sur lequel il n’ont que trop peu d’emprise.

Léon Okrasa vit seul chez lui, gardant le trouble d’une scène traumatique, mettant en cause Anna, sa voisine. Ce trouble lui fait développer un amour qui grandit au fur et à mesure que l’impossibilité de la relation s’accroit. Tant pis, quand on n’ose pas aller se déclarer à quelqu’un, quoi de plus naturel que de s’offrir cette présence en l’absence de celle-ci, dans son sommeil ? On ne dérange personne. On ne trouble personne.

Et pourtant, cette histoire est véritablement troublante. Cruelle et légère. Cocasse et tragique. Sur le thème « archi-rebattu » de l’amour impossible, Skolimowski fait de son film une ode particulière à la contemplation des corps ; l’amour impossible devient la possibilité d’une contemplation du monde, et d’une réflexion sur le silence qui mure les êtres chacun de leur côté (à ce sujet, la scène finale restera dans les mémoires).

quatre nuits avec anna

L’utilisation de la DV offre une texture particulière et le film n’est vraiment pas desservi par celle-ci, quoiqu’on puisse en dire. Les images sont d’une beauté réellement saisissante. De plus, les images sont magnifiées par le montage, qui parvient à créer un véritable enchevêtrement de sens, tentant de témoigner d’une psychologie complexe : celle de Léo, heurté par un étrange événement, qui troublera toute la construction du film au fil de son déroulement. Nous avec.

Heureusement -considérons le verre à moitié plein-, la majorité des films de Jerzy Skolimowski ne sont pas encore tous très bien connus. Il nous reste de jolis moments de troubles à découvrir.

Quatre nuits avec Anna, de Jerzy Skolimowski. 1H37.

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