Cinema

Sortie Ciné : Mensonges d’état

06 November 2008 | PAR loic

mensonges d\'état

Mensonges d’état, le dernier film de Ridley Scott sort aujourd’hui. Grosse production hollywoodienne, stars à l’affiche, énorme campagne de pub. Derrière tout ce ramdam se cache un film d’espionnage qui respecte toutes les règles du genre à la lettre. Peut-être trop…

Mensonges d’état est un film particulièrement alléchant car tous les éléments sont là pour en faire un « grand » Ridley Scott, qui puisse égaler Gladiator, et pourquoi pas Alien ? En réalité, c’est un petit film d’espionnage, et comme tout film d’espionnage qui se respecte, l’intrigue est particulièrement alambiquée, tant et si bien qu’on peine à discerner le moindre enjeu. Ces agents de la CIA luttent contre de dangereux terroristes, soit, mais quoi d’autre ? Le scénario ne parvient pas à rendre la menace terroriste concrète, c’est un peu ennuyeux. On sent qu’elle est présente : la situation se déroule en Afrique, beaucoup de personnages sont des islamistes peu commodes, des bombes explosent dans différentes villes… Mais tout cela reste bien vague, il y manque un objet d’empathie qui fasse le lien entre l’intrigue et le spectateur. Sans cela, le film évolue d’un côté, le spectateur de l’autre. Aussi faire exploser ou  raconter un attentat dans une métropole sans parvenir à intéresser le spectateur, c’est presque du terrorisme fictionnel : même si les victimes ne sont que fictives, elles sont mortes en vain, à cause d’une maladresse scénaristique…

Heureusement, les acteurs sont là pour stabiliser à peu près l’ensemble. D’un côté, il y a l’agent de terrain (DiCaprio), de l’autre, le superviseur lointain (Crowe). Cependant, les personnages ne sont pas assez forts pour effacer l’interprétation des acteurs : ce n’est pas les agents que l’on voit, ce sont DiCaprio et Crowe en train de se disputer pour savoir comment arrêter un dangereux terroriste. Une fois de plus, l’histoire tombe à l’eau. Certes, ces personnages explicitent différentes visions sur les méthodes de la CIA (DiCaprio, sur le terrain, très attaché aux coutumes ; Crowe, en retrait, peu affecté par les éventuelles pertes humaines) mais ce didactisme un peu simplet finit par être lassant.
Ce type d’intrigue, de film, et de production se fonde entièrement sur une intrigue puissante, sur un geste fort en termes de narration. Mais ici, c’est le néant. Du côté du scénario, il ne se passe vraiment pas grande chose. Du coup, les acteurs et le réalisateur ont beau gesticuler dans tous les sens, ça ne suffira jamais à créer un enjeu.
Un des personnages pourrait être dramatiquement fort, le chef des renseignements jordaniens, d’autant que l’acteur a tout pour être charismatique. Mais là encore, le scénario se cantonne à ne montrer que ses côtés superficiels, son beau costume sur mesure et sa courtoisie… On ne peut pas appeler ça un geste fort…

l?ardo dicaprio mensonges d\Reste un spectacle assez agréable à regarder, lorsqu’on  n’a pas déjà décroché, grâce à une mise en scène assez bien faite et des acteurs convaincants. Les dernières séquences réveilleront les spectateurs endormis, notamment celle où DiCaprio est fait prisonnier par les terroristes. L’acteur est alors assez performant et la réalisation, en adoptant un style très réaliste, se fait plus efficace que dans tout le reste du film. Il aurait fallu appliquer à l’ensemble du film la méthode adoptée pour cette séquence. Dommage, ce n’est pas encore avec ce film-là que Ridley Scott égalera Gladiator. La créativité d’Alien (le film entier tout entier est un geste fort !) est déjà loin…

Mensonges d’état. Réalisé par Ridley Scott. 2H08
Avec Léonardo Di Caprio, Russel Crowe.

mensonges d\’état bande annonce

L. Barché

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Ridley Scott et le style
loic

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