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La série « Falling Water » en Blu-Ray : un thriller fantastique sobre et humain, à voir

La série « Falling Water » en Blu-Ray : un thriller fantastique sobre et humain, à voir

27 June 2018 | PAR Geoffrey Nabavian

Mise en scène avec sobriété et ambition, remarquablement jouée, et bien écrite, Falling Water parvient à atteindre à un stimulant dialogue entre réalité et rêve, au fil de son récit angoissant et prenant. A voir en Blu-Ray et DVD.

[rating=4]

Sobre : c’est le mot qui vient en tête à la vision des premiers épisodes de Falling Water, série en forme de thriller fantastique. Visible pour la première fois en France grâce à une édition Blu-Ray (ou DVD) proposée par Elephant Films (dans les backs le 27 juin), la première saison de cette saga imaginée par USA Network (Mr Robot) arrive tout de suite à rendre ses personnages réalistes et attachants, en les enveloppant dans une atmosphère mystérieuse qui n’en fait pas trop. Il s’agit ici de rêves avec des éléments communs, que les trois protagonistes principaux font, et qui les hantent ensuite : l’ambiance musicale, pourtant, loin de souligner l’enjeu de chaque scène, se fait discrète, et distille un sentiment troublant et palpitant. Elle se mêle très bien à la belle photographie des images, métallique mais pas clinquante.

Ces quelques procédés suffisent pour poser l’univers de façon visuelle : quelques scènes, ensuite, introduisent la vie des personnages principaux – entre milieu des affaires, secteur de l’art contemporain et enquêtes de police – de manière juste, sans caricature. Il n’y a plus qu’à suivre ces héros dans leur odyssée.

RÊVER POUR TROUVER CE QU’ON CHERCHE

Falling Water – sous-titré « La Connexion des rêves » – ne s’égare pas dans de l’esthétique vaine : la série préfère se concentrer totalement sur son récit, vaste, et sur les personnages qui le vivent. Burton, Tess et Taka font donc des rêves qui les hantent, dans lesquels ils poursuivent des êtres qui leur échappent : une femme belle et mystérieuse, peut-être kidnappée, peut-être manipulatrice, pour Burton, ou un gamin pour Tess, persuadée qu’elle a accouché dans le temps et que des personnes ont effacé ce fait. Quant à Taka, c’est sa mère alitée qu’il aperçoit en songe, marchant et parlant de nouveau…

Ces trois héros vont finir par se croiser dans leurs rêves. Au quotidien, leurs activités paraissent étrangement recouper leurs songes : la grande entreprise pour laquelle travaille Burton (David Ajala, massif et fiévreux, bientôt dans Nightflyers) semble se lancer dans des tractations quant à des croyances occultes ; Tess (Lizzie Brocheré, assez magnétique, vue dans Versailles, The Strain, ou dans American Horror Story, où elle jouait Grace) se prête à une expérience new age contre la promesse de « retrouver son fils ». Une expérience menée par Bill (Zak Orth, acteur dans Wet Hot American Summer), gourou richissime et un peu ridicule… Et l’inspecteur Taka (Will Yun Lee, intense, et vu dans Hawai 5-0, Rampage, Altered Carbon) découvre l’existence d’une secte persuadée que la frontière entre réalité et rêve est mince, et donc aisément passable…

Le récit, en forme de thriller fantastique, fait se croiser des protagonistes tous remarquablement interprétés. Et l’aspect visuel de la série demeure tout du long très sobre, même lors des séquences de rêves, qui, plutôt que d’offrir de l’action échevelée ou des effets spéciaux kitsch, préfèrent distiller le suspense en filmant les lieux visités, nimbés d’une lumière inquiétante.

UN DIALOGUE INTELLIGENT S’INSTAURE

Falling Water parvient à atteindre au dialogue entre séquences de réalité, habitées progressivement par l’angoisse, et rêves sobres, afin que les deux dimensions se répondent. Ainsi, bien que l’histoire apparaissent haletante, et que les détours côté genre fantastique pris par le scénario restent palpitants et égarent parfois, pour la bonne cause, on a l’impression que la série nous laisse visiter à loisir cet univers, qu’elle nous donne à le découvrir sans nous presser, sans chercher à impressionner, sans en rajouter dans l’action et les jumpscares.

Du même coup, chaque séquence possède une âme, et une importance. Les personnages y apparaissent en recherche, surtout : la mise en scène les accompagne dans leur découverte. On prend plaisir à croiser des supérieurs et collègues aux airs mystérieux (dont le remarquable Kai Lennox – vu dans Green Room – dans le rôle de l’ambigu Woody), ou encore, la grande cheffe de la secte précédemment citée, jouée par Melanie Nicholls-King (Cheryl, dans The Wire), bien en retenue. Bien que certains procédés décrits apparaissent trop fantasques (en certains cas, certains personnages s’endorment proches l’un de l’autre et se voient immédiatement dans leurs rêves), la série parvient à les faire passer, sans choquer, grâce à une pointe de distance.

Avec comme producteur exécutif, entre autres, Juan Carlos Fresnadillo (Intacto, 28 semaines plus tard, et bientôt Merlin l’Enchanteur pour les studios Walt Disney), et Henry Bromell (Panic, Homeland) comme co-créateur, Falling Water parvient, avec des procédés très simples, à ne jamais perdre l’attention du public au fil des dix épisodes de sa saison 1, à rester crédible, et à peindre un monde suffisamment humain et profond pour donner l’envie de le relier à soi. Son final amène quelques scènes impressionnantes, qui savent encore une fois ne pas trop en rajouter. Une série qui pourrait se poser, en somme, comme un parfait exemple de thriller fantastique réussi, juste, assez intelligent, et sobre. Toujours.

Cette saison 1 de Falling Water sort chez Elephant Films en Blu-Ray et DVD le 27 juin. On recommande aux spectateurs à la recherche d’une très bonne série la découverte du Blu-Ray, qui rend parfaitement justice à la qualité esthétique de la série, en renforçant les teintes de sa photo, tantôt sombres et métalliques, tantôt nimbées d’un blanc inquiétant. L’édition rend également bien perceptible tout le travail sur le son, traité comme un élément sobre afin de le rendre d’autant plus essentiel.

Visuel 1 : © Michael Parmalee/USA Network

Visuel 2 : © Peter Kramer/USA Network

Visuel 3 : © Nicole Rivelli/USA Network

Visuel 4 : couverture de l’édition de la saison 1 de Falling Water en DVD, publiée par Elephant Films

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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