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“Are you still here ?” : la prochaine série de Studio+ a dévoilé son premier épisode

“Are you still here ?” : la prochaine série de Studio+ a dévoilé son premier épisode

23 March 2018 | PAR Geoffrey Nabavian

Développée par Canal+ et Vivendi, la structure Studio+ produit des séries à voir sur smartphone. Crime Time, T.A.N.K., Firekid, ou encore Ø comptent parmi les réalisations que l’on peut trouver sur cette application. Son prochain projet a rencontré ses premiers spectateurs : on a pu voir l’épisode 1 de Are you still here ?, série documentaire en six volets d’une dizaine de minutes qui suit le groupe français Her, sous un angle bien particulier.

Dix minutes de projection, pour un bel aperçu au final : pour le spectateur qui ne connaît pas Studio+, la découverte de Are you still here ? constitue un matériau riche. Cette série documentaire suit le groupe français Her et plonge dans son intimité. Ce n’est pas tant sa musique, entre electro et pop planante, qui est au centre de l’attention : c’est plutôt la vie de la formation, et le noyau qui l’anime, qui sont filmés par le réalisateur Rodrigue Huart et l’équipe technique à ses côtés. L’un des deux membres à l’origine de la formation, Simon Carpentier, est en effet décédé en août 2017. Avant de mourir, il a encouragé ses condisciples à continuer l’aventure entamée, à réaliser un premier album, des tournées, et à faire vivre les morceaux dans lesquels il a mis sa patte. Victor Solf, chanteur et second fondateur, poursuit donc le projet, avec autour de lui les musiciens Louis, Thomas, Mathieu ou encore Desmond. Et aussi la présence de Simon, toujours là malgré le temps qui passe. Voici ce que veut donner à voir Are you still here ?

Pour accompagner la projection du premier épisode de ce projet vidéo au fort parti-pris, et dans le même temps célébrer la sortie de l’album, enfin réalisé, le groupe Her est venu à la rencontre du public ce soir-là, dans une formation réduite : à l’Antenne, lieu de l’événement, à Paris, un mini concert a succédé aux dix minutes de film. Avant celles-ci, la productrice de la série, Clémentine Gayet, s’est exprimée, en se réjouissant qu’un tel projet, guère évident à vendre, à réaliser, et même à concevoir au départ, du fait du souvenir omniprésent de Simon, ait pu voir le jour.

Dans Are you still here ?, donc, les conversations enregistrées et les situations traversées par les artistes décrits sont hantées par la figure du disparu. Et le groupe est en réflexion constante, par rapport à lui, et à ce qu’il aurait voulu. Cette situation, peu fréquente au sein des documentaires musicaux, suffit à créer une tension dramatique, et à rythmer l’épisode. Elle amène aussi la série à proposer une forme intéressante : captées, pendant la plus grande part, avec une caméra de petite puissance, les images peuvent devenir tout à coup d’une qualité éclatante. L’itinéraire des musiciens, en coulisses, en tournée, ou même sur scène, est enregistré à vif, de façon plutôt brute. Et tout à coup, un instant calme s’invite, dans des images plus nettes, et un peu mystérieuse. L’esprit de Simon semble se matérialiser également, parfois, sans qu’on soit sûr qu’il s’agisse de lui… Le travail sonore est aussi à distinguer : on passe des conversations et des propos précipités, dits en coulisse, à des instants de calme intense, à la façon du morceau joué par Victor seul qui conclut l’épisode, soutenu par un travelling arrière taillé pour les smartphones. Puis à ces pauses succèdent des prestations scéniques, captées avec une énergie très réfléchie, autant sur le plan du son que de l’image. En somme, le travail du réalisateur Rodrigue Huart, de son co-scénariste David Alexander Cassan, et de toute l’équipe technique à leurs côtés, transparaît dans l’objet filmique très cohérent qu’ils livrent.

L’épisode apparaît au final composé de scènes courtes, montées avec rythme. Cette forme, destinée à être vue sur smartphone, produit des effets intéressants, comme l’impression de marcher aux côtés du groupe, de recevoir des messages d’eux depuis leurs tournées. Le format court, soutenu par un montage prenant et bien pensé, parvient à faire grandir l’événement quotidien, à lui donner une dimension captivante. Un tel projet peut transmettre aussi la sensation de pouvoir soi-même concevoir une série, avec en main une caméra ordinaire, et un bon sujet, soutenu par un scénario fort.

Et la série sait également faire attendre ses épisodes suivants : ceux-ci sont “teasés“, en quelques images, à la toute fin. On y entend que certains membres de la formation vont décider de partir, par exemple, mais qu’il faudra tout de même continuer… On reste frappé en tout cas, par la place qu’occupe le disparu, moment après moment. En cela, l’objet a atteint son but.

L’épisode achevé, on a pu, ce soir-là, profiter de la musique de Her, jouée de manière intimiste dans la salle de l’Antenne. En rêvant de connaître le reste de l’itinéraire ayant amené ces attachants interprètes à réussir leur projet, hanté par une disparition…

La série documentaire Are you still here ? sera disponible sur Studio+ en mai 2018.

L’album du groupe Her sortira le 30 mars. Et le 25 avril, Her sera en concert à l’Olympia.

Visuel : © Studio+

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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