Cinema
« Rage », blockbuster russe assez brutal à voir en DVD et Blu-Ray

« Rage », blockbuster russe assez brutal à voir en DVD et Blu-Ray

04 July 2018 | PAR Geoffrey Nabavian

Devant sa mise en scène bien pensée, et ses acteurs habités, on accepte de suivre Rage sur les terres où il nous emmène, faites de dieux anciens et de combats sanglants.

Depuis quelques temps, les blockbusters produits par des studios russes paraissent occuper un créneau du marché français, en débarquant, mois après mois, directement en DVD et Blu-Ray chez nous. Salyut7 ou Attraction restent de bons exemples. Aujourd’hui, avec Rage, on découvre un film d’action et d’aventure qui essaye d’offrir du spectacle, édité par Wild Side en DVD/Blu-Ray, et à découvrir dans les backs le 4 juillet.

On y suit l’aventure de Lutobor, seigneur combattant d’une tribu d’Eurasie dans les tous premiers siècles de l’Histoire, qui affronte les dernières tribus Scythes, et d’autres peuples habitant les steppes. Lutobor, forcé de faire route dans les paysages d’Asie centrale avec un prisonnier Scythe. Ce héros croit à Péroun, dieu de la foudre dans la mythologie slave ancienne. Son compagnon de voyage, lui, vénère Arès, dieu hérité de la mythologie grecque.

Dans Rage, les moyens un peu réduits sont compensés par une mise en scène pas mal pensée (signée par le réalisateur Rustam Mosafir), qui rend l’action mobile et claire, dans les scènes de combat. Lorsqu’un décor s’abîme sous l’effet d’un corps qui tombe, l’effet apparaît simple mais crédible. La caméra, très mobile, s’accroche aux mouvements de jambes et de bras, parfois armés de poignards, sans les esthétiser, et sans les parasiter avec des ralentis, à la différence de certains films d’action récents. Cette simplicité rend le film sympathique et plutôt agréable à suivre. Même si, vers la fin, il se permet quelques facilités, il donne néanmoins à sentir, de façon directe, les blessures et les coups sauvages que les protagonistes s’infligent, au fil des nombreuses scènes de combat, le plus souvent en un contre un.

Les acteurs marquent de par leur physique, pas commun. Leurs yeux révulsés, enflammés, aident à croire aux personnages qu’ils incarnent. Tous semblent très engagés dans leur rôle, et essayent d’atteindre à une énergie brute, pas trop chargée en psychologie. Le principe du duo mal assorti, ici, n’est pas central, et est mis au service de la peinture de ce temps ancien, où tous ne s’intéressent qu’à leur présent immédiat, et à l’influence sur lui des dieux auxquels ils croient. Les aventuriers croisent différentes tribus occupant la steppe, au fil d’un récit conté avec du rythme. Le scénario va à l’essentiel, sans fioritures. Tant mieux : ses personnages, sans arrêt confrontés les uns aux autres, existent avant tout par l’intermédiaire de l’action où ils s’illustrent. On s’attache, avec intérêt, à Lutobor (Aleksey Faddeev, charismatique), et à celui qui le guide (Alexander Kuznetsov, vu à Cannes 2018 dans L’Eté, et assez magnétique).

Le film vise un peu trop la ressemblance avec certains modèles américains. Mais il semble rechercher un peu la brutalité, aussi. Il s’attache à représenter la dureté et le caractère impitoyable du monde que les hommes de ces tribus devaient affronter. Et lors de certains combats, il arrive à être grisant. A la fois léger et distrayant, et en même temps pertinent niveau réalisation, il parvient à emmener ailleurs.

Pour apprécier l’édition préparée par Wild Side, qui fait ressortir les teintes ocres de la photo, la version originale est de mise, pour un petit peu plus de dépaysement. Production plutôt bien pensée, réalisée de façon consciencieuse, et située dans un temps historique pas si représenté que ça au cinéma, Rage fait passer un moment distrayant, et assez grisant par endroits. A ranger du côté des films d’action encore à découvrir, pour les amateurs.

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Visuels : © Wild Side

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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