Cinema
Pasolini roi à la Cinémathèque Française

Pasolini roi à la Cinémathèque Française

16 October 2013 | PAR Christophe Candoni

 

 

 

Pier Paolo Pasolini fait l’objet d’une belle et riche exposition à la Cinémathèque française qui propose une traversée dans l’œuvre et la vie de l’artiste italien sous la forme d’un parcours itinérant à travers les lieux qu’il n’a cessé d’arpenter, habiter, observer à Rome et dans sa banlieue. Cette exposition s’accompagne d’une rétrospective qui dure jusqu’au 26 janvier 2014.

roman affiche pasoliniTout commence donc pour les visiteurs sur le quai de la gare Termini où le jeune homme débarquait en janvier 1950 pour fuir son Frioul natal, accompagné de sa mère, sans argent et sans travail, avec une valise et “quelques joies qui se révélèrent fausses” ; puis se referme sur le roulement étale des vagues sur la plage d’Ostie dans la pénombre de la nuit, l’endroit où Pasolini est assassiné en 1975. Pasolini vécut un quart de siècle à Rome. Les années défilent de façon chronologique.

Intellectuel complet, Pasolini est d’abord enseignant et journaliste, peintre également (on découvre dans la première salle une galerie de toiles abstraites et de peintures de visages d’hommes juvéniles à l’huile ou l’encre noire). Homme de lettres, il publie des poèmes et des romans (on peut voir le manuscrit du scandaleux Ragazzi di vita) et signe des séquences ou des scénarii pour Bolognini, Fellini, Bertollucci, dont de nombreuses pages tapées à la machine puis reprises et annotées à la main sont exposées.

De la périphérie vers le centre romain, Pasolini rencontre Alberto Moravia, Elsa Morante et domine le petit cercle intellectuel romain, bien entouré de personnalités sulfureuses qui sont aussi et surtout ses amis comme la chanteuse Laura Betti et Ninetto Davoli, son acteur fétiche, présent lors du vernissage de l’exposition.

A 39 ans, Pasolini réalise son premier film, Accattone, qui comme Mamma Roma, prend pour décor non pas la grande bellezza de la ville éternelle mais l’âpreté de sa banlieue marginale et mal famée où est mise en scène l’errance de personnages misérables (des prostituées, souteneurs, prolétaires, mendiants…). Pasolini décrit dans une lettre exposée toute sa détestation de la Place Saint-Pierre à laquelle il préfère la discrète et plus humble Piazza Mattei et sa célèbre fontaine des tortues dont un morceau est reconstitué. Il faut y voir un signe du lien ambivalent que Pasolini entretient avec sa ville d’adoption en mutation permanente, entre inspiration et rejet, amour et haine.

A la sortie de La Ricotta, le film est attaqué pour atteinte aux bonnes mœurs dans l’Italie catholique étriquée. Il faut au moins un pan de mur entier dans l’exposition pour afficher les nombreux papiers et gros titres de presse relatant le procès pour outrage à la religion que Pasolini subit. Cinéaste voyageur et intransigeant, il sillonne le monde, découvre New York et la Palestine, tourne ses films, écrit pour le théâtre et dénonce les ravages du consumérisme qui aboutit selon lui à un véritable “génocide culturel”.

Une rétrospective de l’œuvre filmique complète de Pasolini accompagne l’exposition ouverte jusqu’au 26 janvier ainsi que des conférences et des lectures qui éclaireront la singularité d’un artiste polémique et passionnant.

visuels : affiche et photo de l’exposition.

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

One thought on “Pasolini roi à la Cinémathèque Française”

Commentaire(s)

  • questerbert

    PASOLINI

    allez découvrir une pensée et un un immense artiste, oui les grands artistes sont les vrais saints, ils redimensionnent notre monde

    October 18, 2013 at 16 h 24 min

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