Cinema
[Mostra, compétition]« La La Land » : Le film d’ouverture exaltant qui revisite le rêve hollywoodien, avec Ryan Gosling et Emma Stone

[Mostra, compétition]« La La Land » : Le film d’ouverture exaltant qui revisite le rêve hollywoodien, avec Ryan Gosling et Emma Stone

01 September 2016 | PAR Ariane Kiatibian

Damien Chazelle, réalisateur du très remarqué Whiplash (2014), nous propose une comédie musicale bien rythmée pour inaugurer la présentation des films proposés en sélection officielle du festival du film de Venise (au Lido), la Mostra. Un film rafraîchissant, onirique, sensible.

[rating=4]

La scène d’ouverture de La La Land est un moment intense qui s’inscrit dans toute une tradition de comédies musicales. Ça virevolte, ça chante, ça danse comme dans West Side Story ou dans Grease. Le matin de la première projection à destination des journalistes en ce premier jour de festival, fait rare : la salle, enthousiaste, a applaudi à la fin de la première séquence, comme à un vrai show. Réalisateur précoce adulé par le tout-Hollywood, Damien Chazelle nous offre un troisième film plein d’ingénuité et de maturité, qui a eu le privilège d’etre présenté juste à la suite de la cérémonie officielle d’ouverture (le dîner de gala ayant été annulé en solidarité aux victimes du tout récent tremblement de terre en Italie).

La La Land, c’est le pari risqué de faire le succès d’une histoire comme il en existe des milliers, où Hollywood parle de Hollywod…avec les contraintes d’un genre lui-même codifié. Contraintes que le réalisateur, qui fait preuve d’une attention au détail et d’un sens esthétique qui l’honorent, prend plutôt comme des éléments libérateurs qu’il place au service d’une expression artistique riche, unique…et dynamique. Damien Chazelle est féru d’histoire de la musique et du cinéma, on le sait. En dépit de cet héritage, il parvient à maintenir le film dans une agréable légèreté. C’est simple, aérien. On pouvait craindre une sophistication inutile, des répliques attendues, trop d’auto-dérision, ou de bons sentiments, voire une pointe de cynisme. Il n’en est rien : c’est un savant dosage d’émotions que nous donne à voir ce feel-good-movie. Plein d’une sereine et douce mélancolie, c’est une oeuvre à la candeur préservée, et qui reste loin de la mièvrerie. Le message: croire aux vertus de la persévérance dans les rêves, qui peut avoir raison de tous les obstacles… Le film réussit à sonner juste, porté par deux bons acteurs qui excellent dans le chassé-croisé amoureux (ils partageaient déjà l’affiche dans Crazy, stupid, love en 2011).

Mia (Emma Stone) est apprentie actrice allant de casting en casting dans l’espoir de percer. Sebastian (Ryan Gosling) est pianiste passionné de jazz, ayant un rapport difficile à l’autorité. Ensemble, ils vont cheminer, se croiser d’abord, puis se rencontrer et construire, en l’espace de plusieurs saisons, une histoire puis une percée qui les projettera, chacun, sur le devant de la scène de leurs rêves…ou pas. Le film pose des questions qui, un jour ou l’autre dans la vie, nous saisissent. Où (en) suis-je, où aller / dois-je y aller ? Sens des ambitions, force des rêves et place des compromis sont explorés sur cinq saisons vibrantes sur fond de thème musicaux envoûtants.

Emma Stone campe à la perfection un personnage en proie aux doutes, avec une expressivité qui en fait la vedette du film. Ryan Gosling, ténébreux et farouche, nous offre l’image attachante d’un artiste solitaire, intransigeant, obsédé par son destin rêvé. On suit ce duo, dont on peut saluer les prestations vocales et chorégraphiques (valses, scènes de claquettes), dont la relation fonctionnera tout au long du film comme un catalyseur pour les rêves de chacun. Pousser l’autre, l’accompagner, le voir aboutir ; mais aussi être (bien) seul. La La Land, c’est aussi une présentation réaliste, et intimiste, de la vie des aspirants artistes en attente de reconnaissance qui peuplent Hollywood. Bel hymne à l’espoir, mettant en scène des clichés de la vie quotidienne à Los Angeles (trafic, fêtes outrancières, omniprésence du cinéma) sur une modalité poétique, à rebours du conte blasé. Et enfin, on peut y voir une réflexion sur le rapport à la tradition, la révolution artistique et les ambivalences de la vocation.

La La Land de Damien CHAZELLE avec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, J. K. Simmons, Finn Wittrock – USA – 127’

[Live Report] Mostra, jour 1, entre feu d’artifice et naufrage
Une pièce collective de six heures en création chez Ariane Mnouchkine
Ariane Kiatibian

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration