Cinema
Mormaço, une fable sociale – Cinélatino

Mormaço, une fable sociale – Cinélatino

22 March 2018 | PAR Lili Nyssen

En compétition dans la catégorie long-métrage de Fiction au festival Cinélatino, qui se tient à Toulouse jusqu’au 25 mars, Mormaço, de Marina Meliande, est un film social et une fable fantastique, qui dépeint un Rio de l’ombre, en transition avant les Jeux Olympiques 2016. 

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“Mormaço” veut dire “étouffant”. À Rio de Janeiro, pendant les préparatifs des Jeux Olympiques, les habitants étouffent. La poussière envahit la ville, la pression pénètre les appartements. Les habitants sont poussés à partir. On détruit les maisons pour reconstruire par dessus. La ville change, les jeux de 2016 commencent bientôt. Le Brésil, pays en développement, s’apprête à être le fier hébergeur d’un événement international, et dans l’ombre, les expulsions se multiplient.

Au milieu de l’étouffement socioculturel, on suit la trajectoire d’Ana, avocate qui défend des habitants menacés d’expropriation, qui flirte avec l’amour et s’investit dans sa lutte… jusqu’à ce qu’elle soit, elle aussi, menacée d’expulsion.

Dans ce contexte réaliste, inspiré de faits réels, se développe une fable fantastique inattendue. Tandis que la ville étouffe et mute, Ana voit sa peau attaquée par une pourriture inexpliquée. Elle se périme comme un fruit sous la chaleur, de l’extérieur et de l’intérieur. Ainsi, ce film profondément social devient un conte glaçant, dont la magie se loge moins dans la narration que dans les symboliques et métaphores qu’il importe au spectateur d’y accorder. Car l’évidence se perd dans la fable, dans les images plastiques aux couleurs vives. Le soleil tape à travers l’écran, et l’on sent la chaleur, la pourriture et la sensualité du corps de l’actrice principale nous atteindre. Et dans la lenteur de la fable et la dégringolade sociale, comme le veut le titre, on étouffe. Alors, il faut être prêt à le supporter. Le film ne manque ni d’intelligence ni d’esthétisme. Mais on peut regretter, peut-être, des lacunes caractérielles. Les personnages sont assaillis (réalité sociale, étrange maladie), et cet assaut leur fait perdre de la complexité. Ana est alors une éternelle victime, dont l’échec professionnel s’accorde avec la pourriture du corps, et tombe lourdement sur les habitants, victimes à leur tour.

Le film a pourtant la force de nous plonger dans le Rio de l’ombre, le Rio sous le stade, trop passé sous silence, du point de vue d’une habitante, la réalisatrice, monteuse et productrice Marina Meliande.

Visuel officiel Cinélatino, ©Marina Meliande, Mormaço

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Lili Nyssen

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