Cinema
« Love-express » de Kuba Mikurda: une vie de Walerian Borowczyk au Festival de Wroclaw

« Love-express » de Kuba Mikurda: une vie de Walerian Borowczyk au Festival de Wroclaw

02 August 2018 | PAR Yaël Hirsch

Un pervers Borowczyk? Le réalisateur vivant en Pologne Kuba Mikurda propose un documentaire plein d’âme et arc-bouté sur la liberté sur le maître de l’érotisme Walerian Borowczyk. Un film présenté au Festival International du film de Wroclaw au cinéma New Horizons.

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Le prologue c’est la voix du réalisateur polonais, maître de l’érotisme, honoré l’an dernier au Centre Pompidou. Il dit vouloir faire un film sur l’amour. L’amour du corps, des objets, de la liberté. La liberté est pour Kuba Mikurda le fil rouge de ce documentaire sur un réalisateur atypique, dissident, qui commence par des films d’animation, dont The House (1954), qui lui apportent le succès et lui permettent d’aller travailler à Paris. Il y débarque en 1959 et fait son premier long Goto, île de l’amour, dans le Paris de mai 1968. Contes immoraux (1974) est vécu comme une ode à la liberté. En 1975, sulfureuse, La bête divise l’opinion. Mais installe le réalisateur. Son adaptation de La Marge de Mandiargues avec Sylvia Kristell, l’actrice d’Emmanuelle, est un flop. Love express, le titre du film, est la seule scène qu’il ait réussi à tourner dans la superproduction internationale : Emmanuelle 5, avant de quitter le tournage et d’enterrer sa carrière. Borowczyk est mort en 2006.

Avec des témoignages d’Andrej Wajda, Terry Gilliam, Neil Jordan, Patrice Leconte, Bertrand Bonnello, Slavoj Zizek, Lisbeth Hommel, l’actrice de The Beast, et le directeur de la photo Noël Very, que le réalisateur « anime » ou met en scène comme dans un des films de « Boro », c’est chronologiquement que l’on parcourt sa trajectoire. L’on découvre un génie touche à tout qui faisait tout sur ses tournages, y compris balancer le sperme avec une poire. Année par année, émaillé d’archives sonores ou visuelles et de citations ou textes illustrateurs s’affichant sur l’écran, le documentaire fait bien son travail de contextualisation. L’idée clé que c’est la liberté qui guide le réalisateur est bien suivie. Y compris celle de ne pas se laisser coller d’étiquette : Borowczyk proteste contre la spécialisation dans l’érotisme : « moi je suis seulement cinéaste ». On s’attriste énormément à la fin du documentaire qu’il n’ait pas pu l’être les dix dernières années de sa vie.

Pour lire notre article sur Borowczyk au moment de sa rétrospective au Centre Pompidou et la réedition de ses films chez Carlotta, c’est ici.

Visuel : affiche du film ©CoLab pictures

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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