Cinema
[L’Etrange Festival] Derniers jours, avec « Carnival of souls » : le classique, et une musique live signée Pere Ubu

[L’Etrange Festival] Derniers jours, avec « Carnival of souls » : le classique, et une musique live signée Pere Ubu

14 September 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

Carnival of souls, sorti en 1962, demeure le seul film connu tourné par Herk Harvey (photo). Adoré, entre autres, par David Lynch, il marque encore par sa mise en scène aux effets savamment dosés. A l’Etrange Festival, la musique jouée en direct du groupe Pere Ubu a su lui apporter une coloration actuelle, et amplifier son côté macabre et virevoltant. La rencontre percutante de deux œuvres mêlant classique et contemporain le plus brutal.

[rating=4]

Carnival of soulsDans Carnival of souls, Mary (Candace Hilligoss), tout juste rescapée d’un accident, part à Salt Lake City pour devenir l’organiste d’une paroisse. Logeant chez une femme âgée, elle y fait la rencontre d’un employé d’entrepôt qui tente de la dérider. Tout ce récit est filmé dans un noir et blanc des plus classiques, avec un côté très années soixante. Dans les scènes calmes, du moins… Car à intervalles réguliers, Mary voit un homme mystérieux (joué par le réalisateur, photo), qui la poursuit. Bientôt suivi par d’autres silhouettes aux yeux cernés de noir… Captées par une caméra alerte, qui zoome violemment, mais sans en rajouter… Ou qui plonge notre héroïne dans un monde où plus personne ne l’entend… Cet usage de la technique cinématographique fonctionne encore aujourd’hui. Car le cadre où se déroule le film apparaît rationnel. Les chocs produits par le fantastique sont donc brutaux. A l’Etrange Festival, c’est le groupe d’ « avant-garage rock » Pere Ubu qui se charge de traduire la tension.

Sur la scène, sous l’écran : un guitariste très doué, un claviériste, un chanteur également aux rythmes, David Thomas, et… un joueur de hautbois. Film d’épouvante oblige. Leur interprétation (que l’on peut aussi retrouver sur disque) est saisissante. Il s’agit d’une musique originale. Mais la guitare, parfois stridente, se coule parfaitement dans les images noir et blanc. David Thomas parle plus qu’il ne chante. Ce n’est pas du rock d’ambiance bêtement oppressant : il atteint le côté expressionniste visé. Car il sait, le temps de certains passages, ne pas se prendre au sérieux.

Carnival of souls 2Et il sait être actuel également. Ainsi, lorsque, dans l’église, Mary, quasiment possédée, improvise un morceau pop sur son orgue, un rythme électronique est lancé. De la réinterprétation intelligente, en somme. Et dans l’idée du film, qui fut très en avance sur son temps, dans les années soixante.

Aujourd’hui, à l’Etrange Festival, vous pouvez encore découvrir Visitors, documentaire expérimental muet signé Godfrey Reggio, projeté en avant-première (17h30) ; The world of Kanako, film policier à la japonaise (20h) ; Moon, subtil suspense existentiel signé par le fils de David Bowie, qui lâche Sam Rockwell tout seul sur une station lunaire (16h45) ; Electric boogaloo, portrait de la Cannon, société de prod des années 80 qui fit les beaux jours de Charles Bronson, Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, tout en produisant Altman, Cassavetes, et… Jean-Luc Godard (21h15) ; Der Unfertige  et Pierrot lunaire, deux courts-métrages qui filment l’étrangeté sexuelle sans complaisance (20h) ; Perfect Garden, portrait d’une société du plaisir total (22h) ; Freakstars 3000, une Star Academy mettant en scène des handicapés mentaux (19h30) ; L’Histoire du cinéma 16, bizarrerie belge signée… Jean-Jacques Rousseau (21h) ; et The Search for Weng Weng, portrait d’un acteur nain philippin parodiant James Bond (22h15).

Visuels : © Criterion Collection

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