Cinema
<em>L’Ivresse de l’argent</em>, l’esthétique de l’ennui de Im Sang-Soo

L’Ivresse de l’argent, l’esthétique de l’ennui de Im Sang-Soo

21 January 2013 | PAR Tatiana Chadenat

Le réalisateur coréen Im Sang-Soo dresse avec l’Ivresse de l’argent, une satire très peu subtile de la fange de la bourgeoisie corrompue par l’argent. Malgré une photographie dont on ne peut qu’admirer la sophistication, le film est insipide et ne parvient pas à nous accrocher.

Yoon Kyun-Sun (Beak Yoon- Sik), homme d’affaire coréen, à la tête d’un immense empire industriel, a fait le choix de l’argent au détriment du reste. Il se paye les services de Joo Young-Jak (Kim Kang-Woo) son homme-à-tout-faire plongé malgré lui semble-t-il, dans les affaires vénéneuses d’une des familles les plus sulfureuses de Corée. Le jeune homme vacille entre sa naturelle intégrité et son attrait coupable aux mœurs déconnectées de la maison, aux liaisons dangereuses qui la gangrène ;

Petit à petit, on comprend que les relations des personnages sont manipulées avec soin par Madame Beak (Youn Yuh-Jung), l’héritière de l’empire qu’elle dirige d’une main de maître. Le jour où son mari, Monsieur Yoon, dont la vie n’a été qu’une suite de frustrations dictées par l’argent, entame une relation passionnée avec sa domestique (Maui Taylor) sous ses yeux, elle s’adonne aux pires vices pour sauver les apparences et se tourne vers une autre victime : le jeune servant, Young-Jak. Lorsque le piège se ressert, il sombre et comprend tout comme son maître, l’engrenage infernal auquel il s’est livré par cupidité.

Appuyé par des décors raffinés, une belle photographie, des acteurs confirmés, un scénario bien ficelé, le film aurait pu être aérien mais ne fonctionne pas. Le réalisateur a le sens du détail, les décors sont riches, la gigantesque villa dans laquelle se déroule quasiment toute l’intrigue est tapissée de superbes tableaux qui forment une galerie monstrueusement glaciale à l’image des personnages qui la remplissent. L’approche minimaliste du jeu les transforme en mannequins du décor glacé. L’effet d’aseptique est voulu, il contraste avec l’infamie des personnages, leurs actes sulfureux, leur moral aux rabais mais le résultat escompté n’est pas au rendez-vous. Loin de toucher quelques émotions, le film ennuie terriblement. Les personnages sont fades, leurs nombreuses scènes d’érotisme sont artificielles. Les scènes d’extérieures sont moins bien maîtrisées. La dernière, dans un sursaut gratuit et risible de sentimentalisme laisse un goût franchement amer dans la bouche.

Intriguant à ses débuts, l’Ivresse de l’argent finit par enivrer de lassitude. Son intérêt réside dans sa beauté plastique, et les nombreux tableaux empruntés à d’éminents artistes coréens. Malgré de nombreux atouts et quelques bonnes surprises notamment la scène psychédélique du suicide dans la baignoire, le déroulé du film est attendu et il n’est pas convaincant.

 

L’Ivresse de l’argent, écrit et réalisé par Im Sang-soo, 115 minutes, avec Kim Hyo-jin, Kim Kang-woo, Baek Yun-shik, On Joo-wan, Yoon Yeo-jung, Bande originale : Kim Hong-Jip.

Date de sortie : 23 janvier 2013

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Tatiana Chadenat

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