Cinema
[Cannes 2016, Compétition] “Juste la fin du monde”, Xavier Dolan adapte Lagarce

[Cannes 2016, Compétition] “Juste la fin du monde”, Xavier Dolan adapte Lagarce

18 May 2016 | PAR Yaël Hirsch

Xavier Dolan a cadré sa révolte pour une adaptation poignante de la pièce culte de Jean-Luc Lagarce. La projection presse très attendue a suscité l’enthousiasme et l‘enfant terrible du festival de Cannes risque bien de ressortir d’une deuxième sélection en compétition avec une Palme. 

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Après douze ans d’absence, Louis (Gaspard Ulliel), écrivain reconnu, décide de retourner à la maison pour revoir les siens : sa mère, Martine (Nathalie Baye), sa soeur qu’il a à peine connu, Suzanne (Léa Seydoux), son irascible grand frère, Antoine (Vincent Cassel) et la femme de celui-ci, Catherine, qu’il rencontre pour la première fois (Marion Cotillard). Malade du sida, il veut revenir sur son enfance, son absence et leur annoncer sa mort proche. Il veut renouer et il a “peur d’eux”.

Si le patchwork musical est toujours là, de Bach au tube roumain de O-zone, Numai Tu, Dolan a calmé son extravagance pour lui donner encore plus de profondeur dans cette adaptation respectueuse de la pièce de Jean-Luc Lagarce. L’abord extravagant et sapé de Nathalie Baye et Léa Seydoux s’efface pour laisser place aux non-dits bruts. Dans ce petit chef-d’oeuvre où tout le monde joue juste, y compris Cotillard à son meilleur et Cassel, à contre-emploi en macho simplet, Dolan respecte à la lettre le rythme impacté par les duos dans cette pièce où rien ne peut se dire et rien ne peut être ensemble. L’amour est là, dans les yeux-louve de Nathalie Baye mais pour ce qui est de la communication, Louis ne pourra jamais dire plus de deux ou trois mots. Dolan ne s’offre que deux courts passages oniriques pour exprimer l’intime de cet enfant détaché, pour le reste, sa caméra tourne – comme celle de Fassbinder- autour des personnages de la pièce et quelque part entre la nuque et le menton, c’est du cinéma qui naît dans le huis clos d’une scène familiale qu’on sait brève et que l’on vit à chaque instant comme bouleversante. Préparez vos mouchoirs  pour voir le film et vos chapeaux pour saluer l’évolution toujours plus géniale du maître Dolan.

Juste la fin du monde de Xavier Dolan, d’après Jean-Luc Lagarce, avec Vincent Cassel, Marion Cotillard, Nathalie Baye, Gaspard Ulliel et Léa Seydoux, France, 2015, 1h35 en compétition. Sortie française le 21 septembre 2016 chez Diaphana.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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