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[Jour 2] Arras Film Festival : escapade en Colombie et traque d’un serial killer polonais

[Jour 2] Arras Film Festival : escapade en Colombie et traque d’un serial killer polonais

11 November 2017 | PAR Hugo Saadi

La deuxième journée de la compétition du Festival du film d’Arras a continué ce vendredi 10 novembre avec des jurys assidus (présidé par le réalisateur Christian Carion) malgré une météo assez triste. TLC s’est réfugié dans les salles de cinéma avec quatre film au compteur.

La journée a débuté avec Handle with care, un film réalisé avec finesse qui ne tombe jamais dans le pathos et arrive à toucher et émouvoir. Le réalisateur norvégien Arild Andresen ne tourne pas autour du pot et pose rapidement les bases sans faire trop de drama : un jeune couple a adopté un enfant colombien, la mère est morte dans un accident de voiture, l’enfant perd alors ses repères et le père n’a plus les épaules pour tenir son rôle. Le pitch est simple et le réalisateur n’en fait pas des tas, il utilise savamment les flashback pour cadrer le trauma, sans tomber dans l’outrance. Le scénario prend alors un second souffle au moment du voyage à Bogota pour retrouver la mère biologique qui sera le film rouge du reste du film. Côté casting, on a vu mieux concernant le gosse, mais heureusement le père (Kristoffer Joner) et l’ami chauffeur de taxi sur place (Marlon Moreno) ont une belle complicité qui se ressent à l’écran. Au final, Handle with care propose un beau regard sur la paternité qui n’est pas très courant tout comme le monde de l’adoption et les difficultés d’intégration.

Pour la deuxième séance de la mâtiné, nous voilà en plein cœur de la Pologne des années 70 (l’ambiance et la reconstitution des décors costumes très réussis) avec le film I’m a killer. Thriller qui reprend une histoire vraie du plus grand serial killer de la Pologne : le Vampire, 12 victimes à son actif. Le réalisateur Maciej Pieprzyca met en lumière la corruption, mais surtout la soif du pouvoir qui pousse rapidement dans ses retranchement pour finalement isoler et se surprendre soi-même par ses actes. Car le film pose le problème suivant : la nécessité de trouver un coupable, un bouc émissaire. Le commissaire chargé de l’enquête se heurte alors à sa conscience morale mais aussi au pouvoir en place, les manipulations commencent. Le spectateur est tenu en haleine à travers les différents actes, une mise en scène soignée et classique et un acteur principal surprenant.

Petit tour du côté des avants-premières des films français avec M, premier passage derrière la caméra pour Sara Forestier qui s’est confié le rôle principal de Lila, une jeune lycéenne bègue coincée dans le mutisme à l’approche du bac de français. Elle va devoir affronter sa peur des autres et son salut passera par la rencontre de Mo, jeune trentenaire paumé enchainant les petits boulots, vivant dans un bus stationné dans un parking et adepte de courses clandestines à ses heures perdues. Lui ne sait pas lire, elle ne parle pas, mais leur romance fantasmé commence sur des bases compliquées. Dans la douleur, ils vont essayer de surmonter ensemble leurs problèmes respectifs. Si le début du film est assez grossier dans son développement des faits, M arrive à trouver son rythme de croisière par la suite, mais ne séduira pas malgré tout dans son ensemble, la faute à une émotion entre coupée de hauts et de bas et une lecture assez simpliste du scénario (l’ajout de poésie n’aide pas). On en retiendra malgré tout, l’intéressante mise en lumière de la question bègue et surtout la révélation masculine Redouanne Harjane, un coeur sensible derrière une grosse carapace brutale récompensé du prix d’interprétation au dernier festival de Venise.

Enfin, dernière séance de la journée avec Marvin ou l’adaptation du livre En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis, par Anne Fontaine (Perfect Mothers, Les innocentes). Elle délivre ici un film émouvant sur la quête d’identité d’un jeune homme différent, parce que gay. Les 20 premières minutes ne mettent pas en confiance car elles enchainent clichés sur clichés et surlignent tout grossièrement au marqueur. Heureusement, le film change de cap et arrive à se recentrer purement sur le quotidien ado de Marvin, même si des allers retours entre passé et présent sont nombreux, ils donnent une cohésion non négligeable au film. Les deux acteurs interprétant Marvin se répondent et se confondent (Finnegan Oldfield et Jules Poirier) ce qui donne une force supplémentaire au film bien aidé par un casting 5 étoiles (Vincent Macaigne, Charles Berling, Isabelle Huppert, Grégory Gadebois).

visuels © Photos des films

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Hugo Saadi

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