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FEFFS 2018 : les courts-métrages Made in France [critique]

FEFFS 2018 : les courts-métrages Made in France [critique]

23 September 2018 | PAR Simon Théodore

Comme chaque année, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg propose des sélections de courts métrages. Entre humour noir et drame, cinq films concouraient dans la catégorie Made in France de cette 11ème édition. Déjà diffusés dans d’autres festivals ou choisis après des candidatures spontanées, ces projets d’une vingtaine de minutes ont révélé la richesse de ce genre cinématographique en France.

Réalisé par Julien Trauman, À l’Aube met en scène trois adolescents fêtant leur réussite au bac et découvrant un bateau pneumatique à moteur. Après une virée nocturne, ils se retrouvent perdus en mer. L’humour ponctue le début de cette dérive mais, progressivement, le tragique et l’horreur apparaissent lorsque l’un des personnages est soumis à des hallucinations et des crises de paranoïa. Agréable à regarder mais manquant d’une réelle profondeur, ce film tente de montrer comment la recherche d’un coupable est nécessaire pour expliquer une situation critique et chaotique.

Dans un autre registre, Acide est film très intense. Just Philippot propose un scénario apocalyptique original. Un déluge de pluie d’acide s’abat sur la Terre, détruisant les paysages et toutes formes de vie. Face à l’hystérie humaine et à cette catastrophe climatique, un couple et leur enfant tente de survivre et de trouver un abri. Excellente alternative aux habituels tremblements de terre, raz de marrée et autres pluies d’astéroïdes, cette version de la fin du monde mériterait une version plus longue. La vision des dégâts corporels provoqués par ce nuage et l’idée de sacrifice jalonnant cette histoire rendent le film émouvant et réussi. Un beau projet !

À une époque où les sites de rencontre et les réseaux sociaux ponctuent la vie de nombreuses personnes, connaître et vivre l’amour par l’intermédiaire de son écran d’ordinateur est devenu un thème récurrent du cinéma de ces dernières années. Dans Bug de Cédric Prévost, Guillaume est un informaticien trentenaire voué d’admiration et de passion envers une jolie actrice. En plein montage photo où il se représente en train de poser avec son âme sœur fantasmée, il s’aperçoit que le curseur de sa souris peut quitter l’écran. Il commence alors à copier/coller sa vie réelle… Cette trame avait déjà été exploitée dans des sketchs de certains youtubeurs mais s’avère être adaptée pour le format du court métrage. Quelques situations comiques permettent d’alléger le propos face à l’empathie ressentie envers ce personnage en manque affectif. Enfin, Cédric Prévost explore le thème de l’influence des écrans dans la construction des rapports entre les fans et les célébrités.

Quatrième court métrage proposé, Chose Mentale est peut-être le moins réussi de cette sélection. Aujourd’hui, l’électrosensibilité apparaît, de plus en plus, comme un problème de santé publique. Pour certaines personnes, la quête de zone blanche est devenue une question de survie. William Laboury met alors en scène Éma, victime des ondes électromagnétiques du monde contemporain. Pour vivre avec sa maladie, elle parvient à se créer un univers mental pour échapper au monde réel. Cependant, elle sera perturbée par la venue de deux cambrioleurs. Malgré un thème d’actualité, il est difficile de saisir le réel intérêt d’un tel projet.

Un Loft au Paradis est, sans aucun doute, le film le plus drôle des cinq. Vincent et Emma meurent dans un accident de voiture et se retrouvent au paradis. Cet au-delà est imaginé par le réalisateur Alexandre Lança comme un grand loft où le noir et le blanc sont les principales couleurs des meubles au design nordique ou encore des vêtements des défunts. Charlotte, amante de Vincent et sœur d’Emma tente alors de communiquer avec cette dernière pour avouer l’adultère et soulager sa conscience. Elle trouvera alors dans le suicide une manière de les rejoindre mais le mari fautif fera tout pour l’en empêcher. Les situations qui en résultent sont extrêmement drôles, la crédulité et la naïveté de l’épouse trompée participent à ces effets comiques tandis que le jeu de Vincent Menjou Cortes et le cynisme de son personnage renforcent l’efficacité du film. Avec Un Loft au Paradis, Alexandre Lança propose l’un des meilleurs courts-métrages de cette sélection !

En somme, cette sélection fut, une nouvelle fois, extrêmement variée et bien pensée. Si Chose Mentale est un film décevant, Acide et Un Loft au Paradis apparaissent comme des prétendants pour obtenir un prix lors de ce festival du film fantastique.

Visuel : (c) Affiche du festival.

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Simon Théodore

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