Elena, la vieille dame très digne filmée par Andreï Zviaguintsev

Après “Le Retour” (Lion d’or 2003), et “Le Bannissement”, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev est à nouveau sur nos écrans le mercredi 7 mars, avec un joyau cinématographique et psychologique comme il sait les filmer. Portrait en demi-teinte d’une femme courageuse et aimante, “Elena” dépeint également la généalogie poignante d’une meurtrière.

A l’orée de la soixantaine, Elena (Nadejda Markina) est la deuxième épouse de Vladimir (Andreï Smirnov), qui est bien plus âgé qu’elle et dont elle s’occupe avec dévouement. Chacun a des enfants d’un premier mariage. Lui une fille dure et indépendante (la superbe Elena Liadova) et elle un fils paresseux, chômeur et avec deux enfants à charge. Vladimir vit bourgeoisement dans un grand appartement en ville, aux côté d’Elena tandis que la famille de celle-ci est entassée dans un HLM en banlieue. Elena fait tout pour rendre la vie de son fils et de ses petits enfants un peu meilleure, mais ne peut pas demander d’argent à Vladimir qui est trop avare. Pourtant, le jour où l’aîné de ses petits-fils a besoin d’argent pour faire des études supérieures, elle ose braver le tabou pour demander de l’argent à son époux malade. Celui-ci se met en colère, se calme et puis réserve sa réponse …

Petit bijou enserré dans un écrin d’images bleutées, porté par l’intériorité majestueuse de Nadejda Markina, Elena a toutes les caractéristiques d’un grand Zviaguintsev : famille complexe où le désordre reste sourd, psychologie acérée, et développement lent et inexorable d’une tragédie quotidienne. Un film admirable, donc et dont l’impact et la beauté continuent de croître après la projection.

“Elena”, de Andreï Zviaguintsev, avec Nadejda Markina, Andreï Smirnov, Russie, 2011, 1h49. Sortie le 7 mars 2012.