Cinema
El Campo, un huis clos dans la campagne argentine

El Campo, un huis clos dans la campagne argentine

13 June 2012 | PAR Melissa Chemam

‘El Campo’ de Hernan Belon, réalisateur argentin de documentaire et fiction né en 1970 et formé en Espagne, est un premier long métrage de fiction pour le cinéma. Investigation sur la place d’un homme et d’une femme dans leur propre couple, autour de leur petite fille et au sein d’une maison nouvellement acquise dans la campagne argentine, il s’agit d’un drame psychologique au ton inattendu, mystérieux et presque inquiétant. Un film sensible et intense. Sortie le 13 juin 2012.

Pour l’un, la campagne, ‘el campo’ en espagnol, est un lieu idéal pour réaliser son rêve de vie de famille, isolés du reste du monde, dans une maison qui n’accueillera que lui, sa femme Elisa et leur petite fille d’un an, Matilda dite ‘Mati’. Pour elle, la nouvelle maison en pays rural est un lieu froid, chargé de solitude et de danger, ou elle se sent immédiatement étrangère, au lieu, mais aussi à sa propre famille.

Prix spécial du jury au Festival international du Film d’Amiens, consacré aux « différences et aux identités culturelles », en novembre 2011, ce film argentin coproduit avec la France et l’Italie est un drame psychologique, un portrait intime d’un couple qui démarre comme un thriller. Les jeux de bruits et de silence, le contraste entre la familiarité, le bonheur amoureux au sein du couple, et l’inquiétante étrangeté d’un lieu isolé et hivernal crée la tension nécessaire à l’histoire et pose les personnages dans la scène d’ouverture. Quittant Buenos Aires dans le but de se retrouver, ce couple de jeunes Argentins se retrouve en fait face à l’impossibilité de l’intimité. Pour Elisa, la naissance de sa fille 18 mois plus tôt lui a déjà enlevé son droit a être elle, a travailler, alors que Santiago, son mari, veut lui déjà un autre enfant. Mais enfermés dans ce huis clos, le couple réagit différemment. Alors que l’homme assume les taches lourdes dues à la vie de campagne, la femme s’isole dans son rôle d’amante et de mère, comme empêchée d’exister. Ses peurs de la nuit, du silence, de l’hostilité du lieu se retrouvent paradoxalement décuplées lorsqu’apparaît Odelsia, une vieille voisine venue les accueillir dans leur nouvelle maison.

Alors que la tension psychologique augmente, le cinéaste argentin Hernan Belon emprunte les codes du film à suspense, pour créer un mystère qui se révèle instrumentalisé au service d’un propos plus intime, plus humain que sensationnel. L’événement tragique que pressent la jeune maman se révèlera paroxystique et salvateur. Et le film devient tout autre qu’un film de genre. Porté par des acteurs délicats et investis, ainsi qu’une photographie limpide et impeccable, ce drame paysagiste concis (1h24) est un film universel, sur la solitude et les responsabilités humaines de l’individu, en tant que partenaire, parent, voisin, dans une société où les rôles, féminin face au masculin, adulte face à l’enfant, jeunesse face à vieillesse, sont désormais décalés.

« El Campo », de Hernan Belon, avec Leonardo Sbaraglia, Dolores Fonzi, Argentine/Italie/France, 1h24

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Melissa Chemam

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